Elle n’en voyait pas la fin
Mais la sentait approcher
Il n’était plus question de marcher sur la tête
D’ailleurs, marcher, elle ne pouvait plus.
Elle n’en pouvait plus de ce voyage.
1OO ans d’âge…
Elle ne s’y faisait pas.
1OO ans de bottines usées,
De guerres traversées, de souffrances endurées.
Elle ne s’y faisait pas.
Téléviseur, ordinateur, déambulateur…
Tous ces mots nouveaux lui tournaient la tête
Elle peinait à comprendre
Gsm, Ulm, Modem…
Elle ne s’y ferait jamais.
Elle en était restée à…
Cuisiner, broder, tricoter, travailler
Et recommencer chaque jour
Et puis écouter ses mots d’amour
A lui, parti le premier…
Il avait fallu rester, assumer, se débrouiller
C’était quand déjà ?
Elle n’en pouvait plus d’y penser
A ses jolies cerises sur son chapeau, au bal musette
Au tango et à leurs ballades à vélo
A ses mains sur son corps …
Pauvre corps qui n’en pouvait plus lui aussi
De ce long voyage sans lui.
Mais aujourd’hui, on l’a faite belle
C’est la fête rue Montbazon
Pensez donc, quel bel anniversaire
Une centenaire à la maison des « Heures Claires »
Avec Monsieur le Maire et tous les pensionnaires !
Comme ce sera gai !
Comme elle va s’amuser !