La toute première fois…

« Arrête de me marcher sur les sabots, Le Frisé !
—S’cuse-moi, on m’a poussé…
—Alors ? Qu’est-ce que tu vois ?
—Rien, j’ai la croupe du gros Skimet à hauteur des yeux… Et je t’assure qu’il n’a pas maigri depuis l’été dernier ! Il devrait se méfier d’ailleurs, ça ne vaut rien d’être aussi gras par ici…
—Oui, et bien moi, j’en ai ras les cornes, ce soir ! Ça fait la cinquième étable que nous visitons !
—Ce n’est pas de ma faute si tu t’es trompé d’étoile !
—Trompé d’étoile, trompé d’étoile, tu en as de bonnes ! C’était plutôt vague comme indication. « Suivez l’étoile » qu’il a dit l’étranger qui a débarqué l’autre soir sans crier gare. Il ne m’a pas paru bien clair d’ailleurs : tout à fait étrange, l’étranger… Je sens ces choses-là, moi !
—Et bien, tu aurais mieux fait d’écouter jusqu’au bout ce qu’il disait aux bergers, au lieu de te lancer, bille en tête.
—C’est ça, suivre bêtement et être les derniers sur les lieux, comme toujours. Tu sais, Le Frisé, « Il ne faut pas prendre les moutons du bon Dieu pour des canards sauvages ! »
—Qu’est-ce que tu racontes ? Quels canards ? Où vois-tu des canards ?
—Tu es lourd, Le Frisé ! C’est une expression pour dire qu’il ne faut pas me prendre pour un imbécile ! Si nous arrivions les premiers, à nous la célébrité…Je vois ça d’ici : pour les siècles des siècles on raconterait « Deux intrépides moutons suivirent l’étoile et furent les premiers à venir contempler l’Enfant »… Mais je crois que c’est raté pour cette fois ! Les bergers sont arrivé avant nous et autour des feux et sous les tentes on racontera désormais : « Tous ceux qui les entendirent furent dans l'étonnement de ce que leur disaient les bergers. »
—Attends ! Ça bouge devant…
—Alors ?
—Je vois quelque chose…
—Quoi ? Qu’est-ce que tu vois ?
—Je vois un âne… un bœuf…
—Qu’est-ce que je disais ? Tout le cheptel nous a devancés !
—Oh ! Je LE vois !
—Qui ?
—L’Enfant ! C’est un bébé ! Il est si petit ! Il est si fragile…
—Pousse-toi ! Pousse-toi !
—Regarde !
—Oh, oui ! Il est vraiment tout petit… Mais regarde, Le Frisé, il est lumineux ! Il rayonne… comme un soleil ! »

Trés subtil : il m'a fallu deux lectures pour comprendre qui causait ...

Citation :

Il ne m’a pas paru bien clair d’ailleurs : tout à fait étrange, l’étranger…

etrange... vous avez dit étrange ? comme c'est étrange

j'aime bien tes animaux et leur "râlitude", très drôle

Un de tes plus contes le plus tendre. J'imagine bien ca en dessin anime.

...ou en BD ?