Je viens d’un jardin où la reconnaissance du mal m’a conduit en enfer.
C’est grâce à l’écriture que je n’y pourris pas.
J’écris pour me rappeler à mes monstrueux souvenirs, pour ne pas les exorciser de ma mémoire et traquer la vérité crue, intolérable.
On m’a tout inventé quand j’étais enfant .On a voulu me confiner dans l’Eden de l’innocence.
On m’a raconté des histoires à mourir pour paraître toujours heureux et con à la fois.
J’y ai cru un temps , le temps de mon enfance, de fan fan de mon Papa, de mon grand Papa, jusqu’à ce que j’y crois moins, jusqu’à ce que j e n’y crois plus.
Il était interdit de voir, de regarder, d’entendre, de chercher la vérité face à eux, face à moi.
Celle ci n’existait pas, celle-ci n’avait laissé aucune trace, aucune signature familiale, il n’y avait donc rien à voir. Allez, circulez, toujours plus loin, toujours plus bas en Suisse où tout est beau, neutre et blanc comme la neige.
Mais je me fais insistant, tenace, il s’agit de ma question de vie ou de mort.
Je découvre des vérités à vomir de ma famille de gens très bien avec lesquels je ne veux pas, plus, collaborer.
Dans mon jardin, où s’entassent avec les années, pensées et impatiences, je déterre, j’arrache le noir des racines et je les jette en pâture à la face d’un monde qui a trahi, qui pue de mensonges. C’est une bibliothèque souterraine infâme qui remonte à la surface.
Depuis, j’ai des ennemis mais je m’en fous.
J’écris pour dénoncer ceux qui trompent en couchant avec le mal.
J’écris pour dénoncer un passé dont je refuse l’héritage.
J’écris pour ne pas me haïr de m’être tu, quitte à ce qu’on me descende, quitte à ce qu’on me brûle vif.
Qu’on ne me reproche jamais un jour, de n’avoir rien dit, d’avoir menti en paroles, en actions, en omissions, pour un passé ennemi.
Voilà c’est dit.
Désormais j’espère pouvoir écrire en paix dans toutes les langues et faire éclater toute la vérité.