Vivre.
Chaque jour, affronter l’infini désarroi
D’un futur à construire.
Vivre. À s’en damner.
À s’en égratigner la peau sur des chagrins diffus.
Vivre. Malgré tout.
Avancer.
Courbée sous les coups d’un sort hasardeux
Qui parfois me porte et parfois m’enterre,
Les yeux fixés sur un sol que je scande
de mes pas hésitants.
À reculons peut-être, j’avance.
Rêver.
L’inaccessible étoile d’un poète mort
D’avoir trop aimé me chatouille l’âme,
M’envole vers un ciel empourpré et radieux.
J’offre mon visage aux embruns utopiques
Et je rêve. À en perdre ma voie.
Croire.
Que la Terre qui m’a vue grandir
Ne sombrera pas sous la marche des hommes
Que mes enfants verront l’azur embraser
Le pays de la roche et du vent.
Croire. Que demain sera.
Oser.
Oser le don ultime, se donner corps et âme
À l’ami, au frère, au père, à l’amant,
À la mère, à la fille, à l’inconnue qui passe
Oser sombrer dans le turquoise
De tes yeux qui me mangent.
Oser aimer.
Et puis mourir.
Le corps qui vacille et ploie sous les ans,
Le cœur au bord de l’âme tant il déborde,
Furieux pêle-mêle de polaroids sépia.
Mourir sous le souffle d’un vent du Sud
Qui ne sait plus réchauffer l’envie d’être.
Mourir sans regrets ni remords.
Mourir comme on oublie qu’on a vécu,
Dans l’écume infinie d’une mer opaline.