Ouma-a était la Lumière de son peuple.
Et même si elle a, depuis longtemps, rejoint l’Ombre des Grands Ancêtres, nous vénérons toujours sa mémoire.
Maintenant, je reste le seul à l’avoir connu de son vivant et, bien que de nombreux soleils et de nombreuses lunes se soient succédé dans le ciel, son souvenir m’accompagne toujours.
J’étais alors un tout jeune enfant et comme les autres j’écoutais son enseignement avec curiosité. « Toute vie, disait-elle, est infiniment précieuse. Digne de respect. Plante, Animal, Humain, tous ont leur place et leur utilité dans la forêt… »
Bien sur, mon peuple pratiquait la chasse, la pêche et la cueillette pour subvenir à ses besoins, mais Ouma-a veillait à ce que ce soit dans la limite de la stricte nécessité.
Pour nous, Ouma-a avait plusieurs visages...
Ouma-a était la Femme Oiseau qui pouvait déchiffrer les voies des migrations saisonnières et par ce don elle nous avait conduits, à travers forêts et savanes, sur les rives du Grand Lac où nous vivons en paix désormais.
Ouma-a était la Femme Eléphant, qui malgré un caractère impressionnant de force et de puissance, pouvait devenir d’une extrême douceur envers un blessé, un mourant ou un petit sans défense…
Ouma-a était la Lumière de son peuple…
Mais, moi, le seul à l’avoir connu de son vivant, je sais un secret enfoui pour toujours dans ma mémoire…
Ouma-a connaissait toutes les plantes de la forêt, celles qui guérissent, mais aussi celles qui tuent. Hors, quand les Etrangers sont arrivés chez nous, pleins de fureur et de bruit, elle a tout de suite perçu les dangers qu’ils représentaient pour son Peuple. Alors, elle a invité pour un repas de bienvenue, leur chef et, le lendemain, l’homme ne s’est pas réveillé… Les autres, désorientés, sont repartis et Ouma-a nous a conduits vers le Grand Lac…
Mais au poignet d’Ouma-a était apparue une nouvelle scarification, en forme d’éclair. La scarification de la Fêlure…
La petite cicatrice sur sa peau d’ébène était un enseignement à moi seul destiné : « Chacun a sa part d'ombre, la lumière ne peut pas être toujours là… »
Maintenant, je suis très vieux et mes jours touchent à leur terme, je vais rejoindre l’Ombre des Grands Ancêtres. Ouma-a m’y attend…
Ouma-a était la Lumière de son peuple…