Chagrin

il y a, le temps d’une seconde, les lézardes qui crevassent les pensées

il y a des plaies à vif dans le labyrinthe des mémoires

il y a un fleuve de souffrances qui coule sous les silences

il y a, à bout de souffle, la plume dans la plaie

il y a des lambeaux de rêves accrochés aux semelles de vent

il y a, avant que la nuit ne tombe, le besoin d’espérance

il y a, dans les clairs-obscurs, les raisons de la colère

il y a la nuit des mots vivants au carrefour des mélancolies

il y a , sous le chagrin caché, des égards de langage

il y a, sur le fil du rasoir, une femme au fil de l’encre

Très bien ressorti

Citation :

il y a , sous le chagrin caché, des égards de langage

C'est bien réaliste

quel beau texte Bruyere...

je souligne la meme phrase que train

mais tout le reste aussi!

Bruyère a écrit:

il y a, sur le fil du rasoir, une femme au fil de l’encre

Cette phrase me touche encore plus que les autres...(et j'aime bien la symétrie entre ces deux fils d'apparence si différents)

Douloureux, magnifique, poignant

combien de titres de film, là-dedans ?

un texte absolument remarquable, encore une fois.
de sobriété, de simplicité et de belle musicalité.

merci d'écrire, bruyère

Ah, sur le fil du rasoir, cela me rappelle le roman par Somerset Maugham :

Le fil tranchant du rasoir est difficile à traverser, alors les sages disent que le chemin vers le salut est ardu...

et le film que j'ai aimé (et qui a fait un bide !) :



Merveilleux, tant d'associations dans quatre petits mots !

Encore des mots superbes à lire.

Au fil des lectures je constate qu'il y a des "Il y a" qui pèsent plus lourds les uns que les autres...

Bruyère a écrit:

il y a, à bout de souffle, la plume dans la plaie

il y a des lambeaux de rêves accrochés aux semelles de vent

(...)

il y a, dans les clairs-obscurs, les raisons de la colère

(...)

il y a , sous le chagrin caché, des égards de langage

il y a, sur le fil du rasoir, une femme au fil de l’encre

C'est vraiment très beau - il faut écrire, Bruyère, la poésie est là, dans la façon de "tordre" les mots ... J'ai mis des (...) parce que je ne pouvais tout recopier ! Mais j'ai beaucoup aimé !

Bruyère a écrit:

il y a, le temps d’une seconde, les lézardes qui crevassent les pensées

il y a des plaies à vif dans le labyrinthe des mémoires

(...)

il y a des lambeaux de rêves accrochés aux semelles de vent

(...)

il y a la nuit des mots vivants au carrefour des mélancolies

J'adore, j'adore, j'adore, j'adore... Ces associations de mots sont... tout simplement splendides et très rimbaldiennes.
Ce texte est superbe Bruyère, vraiment superbe!

C'est triste mais c'est très beau Bruyère !!

Douloureux mais très beau.

Tristesse, mélancolie, chagrin émaillent ce poème ...

Il eut été dommage que u ne nous le donnes pas à connaitre. Merci Bruyère

il y a, dans les clairs-obscurs, les raisons de la colère

il y a la nuit des mots vivants au carrefour des mélancolies

il y a , sous le chagrin caché, des égards de langage

il y a, sur le fil du rasoir, une femme au fil de l’encre

J'ai beaucoup aimé tout ton beau texte, Bruyère, ce passage plus particulièrement.

Un très beau texte qui m'a fait penser à un équilibriste, un vrai, ceux qui courent sur le fil sans autre artifice. Tenir les deux bouts. Impressionnant !

C'est un peu comme une équilibriste que je me définirai ces jours-ci, donc ta comparaison Kz me va bien! Mais je suis parfois bien prête de tomber. Mais l'écriture est là pour me redresser!
Merci à tous pour vos petits mots.
Je suis ravie du succès qu'a eu cette consigne!

Un texte douloureusement beau dont chaque mot me touche profondément, y compris celui que tu emploies dans ta réponse à Kz, "équilibriste" c'est comme ça que je me définis aussi et quand on sait à quel point j'ai le vertige, c'est d'autant plus magique que je ne tombe pas...! Merci Bruyère pour ces mots, pour ce texte...

'Les chants les plus beaux sont les plus desesperes' chantait Claude Nougaro

je viens relire ton texte pour en extraire toute la saveur...

L'existence et ses chiffons de tristesse que Bruyère trie et jette sur le papier avec beaucoup de poésie ! Pour l'instant mes lectures me satisfont !

Ce texte m'a prise.
L'image des lézardes m'a très vite parlé.

Chagrin, douleur, j'avais l'impression de voir un paysage en ruine, et surtout abandonné.