En bord de Saône, à Lyon...

Modératrice

Marchande de quatre saisons à la retraite forcée
Depuis l’ouverture du supermarché à côté,
Elle peint…

Ni toile ni papier
Pas de quoi les payer
Sur les murs, à la craie

Elle peint…
Sur les trottoirs dans la ville

Elle peint…
Traces éphémères
De maraîchère.

Dans sa tête à l’unisson
Caracolent carottes et courgettes
Voltigent tomates et oignons
Chantent aubergines
Couleurs sanguines

Elle peint…
Le tendre chou vert
L’artichaut en délicate dentelle
Les salades folles
La scarole
Et le radis qui rougit…
Ses doigts boudinés manient la craie avec dextérité,

Elle peint…
Traces éphémères
Vite effacées par la pluie
Et mille fois recommencées

Elle peint.
Elle peint sa vie
Elle aligne les agrumes
Elle trie ses légumes...

Comme avant
Sur son petit étal...

Au temps où les gens s’arrêtaient,
Choisissaient, se parlaient
Lui parlaient…
Au temps où elle chantonnait
« Ils sont bons mes melons !
Ils sont beaux les poireaux ! »

Elle ne chante plus
Ne parle plus
Elle peint.

Occupe le terrain

C'est magnifique...
L'anaphore "elle peint" et la fin du texte lui donne un aspect nostalgique, mélancolique, c'est vraiment très très beau !

Les poèmes ne sont pas ma tasse de thé d'habitude mais j'aime le tien sunny

Bravo, vraiment.

**Maîtrise le sujet**

Elle ne peut plus vivre de son métier, mais j'ai envie de croire qu'elle peut encore partager et communiquer grâce à sa peinture.
Un peu d'espoir pour elle ?

Kalé'reporter

Effectivement un très beau poème, écrit comme une peinture justement, ton texte me fait penser au livre de Lucien Suel Mort d'un jardinier que je recommande à tous (voir article de Bruyère du 30.04.2011 sur le blog, je vous aurais bien mis le lien mais j'ai pas réussi Sad

)
Merci Amanda pour ce beau texte et ce beau tableau

Kalé'reporter

Très belle évocation, émouvante....

Kalé'reporter

Comme à l'accoutumée tu allies avec dextérité humour fantaisie et profondeur.

Très beau poème qui chantonne. En te lisant je voyais cette femme en chair et en os.

Du coup, j'avoue pêtre un peu "déçue" par le tableau. Les légumes sont trop bien rangés, chacun dans leur case. J'aurais vu un tableau plus en fantaisie.

En tout cas bravo!

Admin

Sherkane a parfaitement résume ce que je voulais te mettre en commentaire.
D'autres mots seraient superflus. Merci pour ce moment de lecture salut bas

Modératrice

Pour vous répondre :
Lita : Les poèmes ne sont pas ma tasse de thé non plus... Je m'exerce donc et parfois je réussis qq chose de plus ou moins potable. Donc, ne désespérons pas , ni toi ni moi !
Silhène : de l'espoir ? Je ne pense pas, je vois sa peinture comme une forme de survie...
Plumentête : dommage pour le livre sur le jardinier, j'aurai bien aimé le lire...Vais aller voir chez Monsieur Google...
Et Sherkane et Admin : pour le tableau, justement je ne suis pas d'accord. Ma maraîchère ne fait pas dans la fantaisie, son étal était toujours bien rangé, elle le reproduit ainsi.
Et merci Bruyère, en effet, je trouve le "sort" que l'on fait aux petits commerçants, les petites épiceries, boulangeries etc... ferment une après l'autre dans les grandes villes. Le contact humain se perd....
flower

Kalé'reporter

La marchande qui devient une artiste... j'aime beaucoup !

L'évocation des légumes et des fruits sont un vrai régal, au propre comme au figuré flower

**Maîtrise le sujet**

J'aime le texte et la peinture. Le marché est par dessus les toits si rouges si calmes!A combien un kilo de tomates?

Modératrice

j'ai éprouvé une grande tendresse pour ton personnage, en lisant ton texte. c'était surement le but recherché, et c'est réussi. une marchande au verbe haut, qui continue le dialogue avec ses pinceaux, une façon comme une autre de continuer à exister, de survivre dans un monde déshumanisé...

du grand amanda salut bas

Festoyeur

Que rajouté après que vous avez dépeint ce que je pensais et tout le monde le signale avec de jolies phrases et de belles pensées... joli et beau comme le texte d'Amanda.
quel talent !

Kalé'reporter

Qu'ajouter aux coms dont je partage la teneur ?

Que ce poème me rappelle le métier de maraicher exercé dans mon jeune temps et le marché de Brive la Gaillarde immortalisé par Georges Brassens :

http://www.wat.tv/audio/marche-brive-gaillarde-m2iu_2g6w5_.html

la ville nullement vexée a donné son nom à la halle où se tiennent encore des marchés hauts en couleurs...

**Maîtrise le sujet**

Surprenant que dans la peinture elle soit restée là-même rangeant bien comme il faut les légumes...
... de la nostalgie sans doute...

Bien décrit en tout cas.

Modératrice

J'aime beaucoup ton poème: au fil de tes mots, on "voit" s'élaborer le tableau, on suit l'artiste choisissant les éléments de son tableau comme dans la vraie vie elle choisit ses légumes pour organiser son étal... bravo!

Kalé'reporter

J'aime particulièrement comment tu alignes tes mots, les reprends, les ajuste à d'autres pour en faire, finalement, un bien émouvant tableau poétique.

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