Perversité

" Ce n'est pas parce que j'ai peur de l'enfer que je suis gentille" dit-elle en l'embrassant... et s’écartant de lui, elle continua de sa voix douce :

Quoi que… En y réfléchissant … Ces représentations qui naissent sous vos doigts en sont si effrayantes, Maître, que vous faîtes tout pour que je le craigne.
Tous ces damnés soumis aux plus répugnants des supplices, ces figures monstrueuses qui frappent, qui empalent, qui rôtissent, qui transpercent, qui gavent, devraient me détourner à jamais du péché et pourtant…

Ce n’est pas non plus parce que vous m’avez vengée des affronts de Dame Aleyt, votre femme, en donnant mon visage à la Vierge… Moi, la Vierge ? Vous savez pourtant à quoi vous en tenir sur ce point… »
Son rire perla et s’éteignit bientôt.
« Pardonnez-moi, Maître, je sais que ceci n’est pas un sujet de badinage à vos yeux…

Ce pourrait être parce que je vous admire et qu’à vos côtés je découvre un univers nouveau, la beauté des couleurs, l’émotion des visages, la puissance des images…

Non, je suis gentille parce vous révélez mon côté obscur, vous me faîtes pénétrer dans un univers de folie et de perversion et éveillez en moi des désirs inavoués…
Je suis gentille, parce que je rêve d’être mauvaise… Peut-être suis-je en train de le devenir? »

Jérôme Bosch posa son pinceau et se tourna vers la gracieuse silhouette alanguie sur les coussins, les flammes de la cheminée faisaient danser dans ses yeux dorés toutes les lueurs de l’enfer, un enfer tout proche, si proche du Jardin des Délices….

Détail du Jugement Dernier de Jérôme Bosch

Merci, Nerwen ...

Grace à toi (et Jérôme Bosch), je n'ai nulle envie de passer à brève échéance sous les fourches caudines du Jugement Dernier, tant la toile du Grand Maître est dissuasive !

Mais, Nerwen, ne nous susurre- tu pas que le Maître va se laisser aller au plaisir charnel qui lui vaudra un mauvais point à son arrivée devant Saint-Pierre ?

PS. Avec le Jugement Dernier, la boucle est bouclée, mais le choix demeure entier;: pour l'au-delà, vaut-il mieux l'enfer ou le paradis ?

Jolie façon de traiter la consigne, en se mettant du cote du modèle que l'artiste peint. Et sans réaliser on est plonge dans un tableau, et a travers lui, dans la folie de son peintre

Etrange, effrayant, torturant, angoissant, ton texte m'a fait frissonner
C'est seulement à la fin, quand on sort du tableau, qu'on revient à la réalité du moment que j'ai repris mes esprits.

Bravo pour ce texte

J'ai plongé sans hésitation dans ton univers, son originalité a fait mouche ! Je connaissais (un peu) Jérôme Bosch, j'ai maintenant envie de googler pour en savoir plus !

Une réflexion bien menée entre enfer et délice.

Un point de vue original. Fallait y penser! Bravo

J'adore.

Que voilà une bonne originalité et inspiration !

Très bien traité en plus

Après avoir googlé, comme Silhène, sur Jérôme Bosch, j'apprécie encore plus ton texte
Et effectivement, le « Jugement dernier » et « le Jardin des Délices » ont bien des ressemblances.