Une maison pour les mots

Pour accueillir l’écriture, lui construire une maison,

une belle maison dans un grand champ de fleurs,

avec à l’entrée un joli portail, noir en fer forgé,

un portail toujours ouvert.

La baptiser Kaléïdoplumes ».

Laisser venir les mots, par petits groupes, pressés ou nonchalants,

douloureux ou joyeux, jamais insignifiants.

Les laisser s’installer dans une pièce de la maison, peut être le salon,

Madame foire aux questions s’y entretient passionnément avec monsieur calendrier :

Et pourquoi pas un point d’exclamation ?

Un point d’exclamation ? Vous n’y pensez pas, une date est une date, aucune ponctuation ne doit l’entraver !

Se faufiler à travers les couloirs à la recherche de l’inspiration,

n’importe laquelle: un profil d’aventurière ou bien de nostalgique

ne peut qu’embellir la maison.

Ensuite, il faut trouver les plumes et le papier:

Maître messager s’acquitte de sa tâche avec enthousiasme

Ne reste plus qu’à réunir tous les membres de la communauté, renommés pour la circonstance les kaléïdoplumiens.

Comme il fait beau et chaud, s’installer dans le jardin

et jouer avec les mots,

à saute expression, à rimes perchées, à fautes pardonnées.

Puis écouter le maître des lieux, monsieur Forum raconter l’histoire de grammaire Apostrophe et ses petits Guillemets.

Enfin, quand le soleil décline, quand les doigts sont engourdis d’avoir trop joué,

rejoindre les chambres aux volets clos, fermer ses petits yeux et laisser les rêves prendre la place des mots,

ils nous seront utiles pour écrire à nouveau.

Laisser une veilleuse allumée, près du canapé, pour les insomniaques, ou les couches très tard,

ceux qui n’utilisent jamais le mot déconnecter.

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