Je suis allée chercher l'eau ailleurs que dans sa source
Certaines perles de cristal, sur ces feuilles d'émeraude ont goutte à goutte, rempli ma cruche de terre cuite
De la fine rosée qui blanchit ma campagne, j'ai imbibé mes nappes en fin coton d'Egypte, que j'ai tordu en torsades serrées pour en extraire toute l'humidité que j'ai recueilli dans un alambic de verre teinté d'aurore
Au creux d'un coquillage un reste de marée au goût d'embrun et de grand vent du large…
Une vapeur fantôme du haut du Mt Athos (était-ce l'Annapurna ? voire même l'Ever Rest) s'alanguit en nectar dans une urne de marbre aux veines de rivières…
Un rocher qui suintait m'a légué un infime extrait de stalactite, et d'une mousse humide, une exhalation de forêt a complété ma liste pour ce philtre impromptu…
De la buée condensée sur tain de solitude je n'ai pris, du bout des doigts, que la place d'un nom d'absence et d'amour majuscule
Tantôt lavandière et tantôt guérisseuse, mémoires infimes des herbes que j'ai trempé un soir dans ce liquide étrange, quand la lune montait suivie de sa fidèle étoile du berger, avec quelques glaçons de banquise j'offre à tout venant, à qui le veut, à qui aurait besoin, un soupçon suranné de cette eau de vie d'ange.
Et avec ça vous reprendrez bien un morceau de nuage ?