Dans la plus belle ville du monde j’ai pris le métro le matin de bonne heure, j’ai pris le RER et même le train.
Dans la plus belle ville du monde je me suis promenée, j’ai arpenté rues et boulevards, j’ai visité monuments et musées, je me suis assise silencieuse dans des parcs et des cafés.
J’ai scruté, observé, vu, regardé. Je ne devais rien perdre pour emmagasiner, pour thésauriser de façon à pouvoir retirer mes richesses accumulées, une à une, à la demande, tout au long des interminables mois durant lesquels je serai loin de la plus belle ville du monde.
Dans la plus belle ville du monde j’ai rencontré des amis.
Les amis de « mon âme »d’abord, ceux que je dois rencontrer coûte que coûte et dont la vue et la proximité me sont indispensables régulièrement.
J’ai rencontré aussi mes amis virtuels devenus mes amis réels.
Chose étrangement belle que l’amitié choisie : on parle des années durant par écran interposé, on échange, on partage, on ne sait même pas parfois à quoi on ressemble physiquement et pourtant quand on se rencontre le courant passe immédiatement et la conversation s’engage à bâtons rompus comme si on venait de se quitter la veille… et en fait on vient de se quitter la veille, après s’être déconnectés.
Dans la plus belle ville du monde j’ai gouté, savouré un tas de délices, j’ai respiré plein de senteurs, et me suis imprégnée de cette lumière particulière à la plus belle ville du monde.
Cette lumière qui donne aux gris colorés une tonalité si poétique, aux monuments un air si grave et aux rues pavées tant de mystère.
La moindre pierre, la moindre rue, chaque nom d’artère ou de place, chaque monument, le moindre méandre, les quais, les ponts , tout me parle, tout me raconte des secrets que je connais, mais que j’aime réentendre, que j’ai besoin de réécouter, les secrets de ma culture.