Emmitouflé jusqu’aux yeux, chaussé de grosses bottes bien chaudes, d’un manteau de laine rouge, d’une écharpe blanche et d’un bonnet rouge à pompon blanc, le Père Noël saute sur son traîneau et lance son cri joyeux : « Hue! ho ! en route, mes jolis rennes ! En route pour apporter des cadeaux aux enfants sages !»
Et le voilà parti comme un éclair. Son carrosse décrit un grand arc de cercle et laisse une longue traînée blanche dans le ciel. Alors qu’il n’est plus qu’un point à l’horizon, le vent apporte encore le tintement joyeux des clochettes accompagné du son de sa voix grave.
C’est qu’il est content, le Père Noël ! Il a travaillé d’arrache-pied pour finir d’emballer tous les cadeaux à temps et se réjouit à l’avance des mines réjouies des enfants.
Cette nuit de Noël est claire et froide. Les étoiles brillent intensément. Les lumières sont éteintes, les cheminées sont ramonées, tout le monde dort. Le Père Noël se pose doucement sur le toit d’une grande maison. Il descend sans bruit de sa luge et s’apprête à distribuer les cadeaux. Mais, le traîneau est vide !
Passé la première seconde de surprise, le Père Noël s’arrache le bonnet de la tête et se met à arpenter le toit en gesticulant dans tous les sens. Que s’est-il passé ? Non, il n’a pas semé les cadeaux en route ! C’est bien pire ! Dans l’effervescence du départ, il a tout simplement oublié de charger son traîneau avant de partir ! Et maintenant, il est très en colère contre lui-même. Comme il est trop tard pour retourner au Pôle Nord, il continue de gesticuler, de tempêter, de grommeler des paroles inintelligibles, de se frapper la poitrine ….
« Père Noël, qu’est-ce que tu as ? Tu es malade ? »
Le Père Noël s’immobilise et regarde autour de lui. Non loin de là, il aperçoit une lumière et le visage ovale d’un jeune garçon dans l’encadrement d’une fenêtre donnant sur le toit.
« Tu as l’air bien ennuyé. As-tu froid ? Veux-tu que je te prépare une tasse de thé ? »
« Oh la la, je crains que tu ne puisses pas m’aider petit. Va vite te recoucher ! Il fait froid ici ! »
Mais déjà le petit garçon a grimpé sur le toit et dit d’une voix douce. « Père Noël, prends-moi dans tes bras s’il te plaît! » Un peu surpris, mais touché, celui-ci lui met sa grosse écharpe autour du corps et le soulève jusqu’à lui. Le garçonnet le serre très fort dans ses bras, collant deux baisers chauds et un peu mouillés sur ses joues. Lorsque le Père Noël le dépose sur le sol, il aperçoit un petit visage baigné de larmes. « Mais tu pleures ? Tu es triste ? »
« Non, Père Noël, je pleure de joie. Ce soir, en allant me coucher, j’ai embrassé ma maman en pensant très fort au miracle de Noël. Je voudrais tellement qu’elle guérisse ! Maintenant, je t’ai vu et je sais que tout peut arriver. »
Il disparaît aussi vite qu’il est apparu, laissant un Père Noël encore abasourdi, éteint la lumière et s’endort paisiblement.
Au même moment, un scintillement lumineux apparaît dans le ciel. Une comète frôle le Père Noël étonné et laisse tomber au passage une myriade de petits cadeaux enchanteurs dans sa hotte. Ni une, ni deux, celui-ci se met prestement en route. En contemplant les enfants endormis, il dépose sur chaque front un petit baiser doux et moelleux, gravant dans leurs cœurs un petit bout de rêve d’un Noël merveilleux.
Sujet: La nuit des miracles 
Lun 26 Déc 2011 - 23:10
