Odette Fauconnier :
« C’est une honte ! Devoir rester assise toute une après-midi dans le hall d’entrée, plein de courants d’air ! Avec le prix qu’on paie ici ! Vous ne trouvez pas que j’ai raison, Monsieur Lemoine ? »
Albert Lemoine :
« Appelez-moi donc Albert, je préfère, ma chère ! »
Odette :
« Qu’est-ce que vous dites ? Parlez un peu plus fort au lieu de marmonner dans votre barbe ! Je n’ai pas compris ce que vous avez dit ! »
Albert :
In petto : « Crénom encore une qu’est sourde, pas de bol, moi ! »
« Je disais que vous pouvez m’appeler Albert »
Odette :
« Ah ! Comme ça, je vous entends mieux. Albert ! Comme notre Roi !
J’espère Albert que vous vous conduisez un peu mieux que lui, avec sa fille illégitime et tous ses enfants cachés ! Ah, non, je confonds avec l’autre à Monaco ! »
Albert :
« Je vois que vous lisez « Point de Match et Voici-Voyou » !
Odette :
« C’est ma fille qui me les prête, moi je les prends uniquement pour les mots fléchés. Vous aimez les mots fléchés, Albert ? »
Albert :
« Euh, sais pas, jamais essayé. Je suis plutôt sportif, moi. »
Odette :
« Ah oui ? Et vous faites quoi comme sport, à votre âge ? Ne me dites pas que vous jouez au foot ! »
Albert :
« Non, Madame, ma spécialité, c’est le sport en chambre. Vous devriez essayer, c’est excellent pour le cœur ! »
Odette :
In petto : encore un qui n’a plus toute sa tête, c’est bien ma veine ! »
« Je ne vois pas de quoi vous parlez. Mais, vous, vous en pensez quoi de cet attentat ? La voiture piégée qui a explosé cette nuit et détruit le petit salon ? Al Quaïda ou quoi ? »
Albert :
In petto : « Je sens que je vais me la faire la petite Odette, je le sens bien là »
« Odette, chère Odette, non, je ne crois pas. J’ai mené ma petite enquête et je suis à 1OO% certain que quelqu’un parmi les résidents était visé. La bombe a explosé trop tard, l’horloge a été mal programmée.. Et en réalité, elle devait exploser hier à 16H. Seulement le coupable l’a mise sur 4, ce qui explique 4h du matin. Elémentaire, ma chère Odette ! »
Odette :
« Mais quelle horreur ! A 16h, je suis toujours dans le petit salon à boire ma tasse de café et manger mon éclair au chocolat ! J’aurais pu être morte ! »
Albert :
« Eh oui, chère Odette, mais il faut croire que votre heure n’était pas encore venue ! Alors, il faut profiter de la vie et, tenez, je vous offre un doigt de porto pour fêter ça ! »
Odette :
« Comment ? »
Albert :
« DU PORTO ! »
Odette :
« Oh, oui, je veux bien, ça me remettra ! Vous êtes gentil, vous ! »
Albert :
« Seulement avec une aussi jolie dame que vous ! »
Odette :
« Allons, vous me faites rougir…Ou alors c’est le porto….Ou les deux…
Remettez m’en un peu, merci !
Mais dites, comment vous savez tout ça, vous ? Pour la bombe et tout ?
Albert :
« N’en parlez à personne, mais avant d’arriver ici à la Résidence des Magnolias, j’étais détective privé.
J’ai mené depuis ce matin ma petite enquête. Je suis au mieux avec la petite Fatima, l’aide-soignante. Elle ne peut rien me refuser depuis qu’elle est arrivée, je la gâte un peu…Enfin, bref ! Elle m’a prêté la clef du bureau du directeur, Monsieur Charlebois. Comme il n’arrive jamais avant 11h, j’ai pu fouiller et tout était noté noir sur blanc dans le rapport de police déposé sur sa table de travail. »
Odette :
« Mais alors, mais alors…On nous visait, nous, les résidents ? »
Albert :
« Evidemment ! Et seulement ceux et celles qui fréquentent régulièrement le petit salon ! »
Odette :
« Dont moi ! Vite, Albert, un verre de quelque chose, un peu plus fort que ce porto de mémère ! Oui, un Cognac, ça ira, un double ! Merci ! »
Albert :
« Celui ou celle qui a fait cela connaissait bien les habitués du petit salon. J’aurais besoin de votre aide, si vous voulez bien me suivre. J’ai l’album-photos de tous les résidents dans mon appartement. Vous pourriez les identifier…
Odette :
D’accord, Albert ! Je vous suis…
C’est pas moi qui vais vous laisser chercher tout seul !
C’est pas moi qui vais me laisser assassiner comme ça !
C’est pas moi qui…
Mais enfin, Albert, qu’est-ce que vous f…. ?
Alb......