J'ai parfaitement conscience d'avoir quelque peu interprété la consigne originelle. Si pas d'accord, pan pan cucul au rénégat !! Lorsque Louise fait boum !- Dis-donc Louise, t’as entendu le bazar ce matin de bonne heure ?
- De quel bazar tu parles Ginette ?
- Ben dis-donc, t’as le sommeil lourd ma vieille ! Ou bien alors t’étais encore dans les brumes de ton porto préféré ?
- Préféré, préféré ! T’en as de bonnes ma jolie ! C’est pas toi peut-être qui as insisté pour que mon fils nous approvisionne et pour que je cache les bouteilles dans mon armoire au risque de me faire piquer par le dragon de service ?
- Heu ! Si !...
- Et qui en profite largement à chaque fois que tu me rends visite ?
- Si, si !... Mais enfin quand même, ne pas avoir entendu une telle détonation, c’est un peu fort… On a même parlé d’attentat !
- C’est pas moi le terroriste, si tu veux savoir ! Tu m’embêtes à la fin, je reviens à son bouquin. Au moins lui ne me posera pas de questions stupides !
Et Louise regagne sa chambre, un sourire narquois au coin des lèvres, soliloquant à voix basse :
- Je ne vais tout de même pas avouer à cette pie jacasse de Ginette que de bon matin, j’ai balancé dans la salle de séjour depuis le palier du premier étage une grenade tout de ce qu’il y a de plus offensive, souvenir de mon colonel de mari que je conservais pieusement au fond de son sac, histoire de mettre une peu d’ambiance dans cette fichue maison où il ne se passe jamais rien et où on s’ennuie… à mourir ! Si j’avais cafté, j’entends de là les jérémiades …
- Oh là, là, Louise ! Tu te rends compte ! Mais qu’est-ce qu’elle va dire Mme Vieillepeau si elle apprend ça ? Oh là, là, tu risques d’avoir de gros ennuis et patati et patata…
- D’abord la Vieillepeau (A-t-on idée de diriger un établissement avec un nom pareil !) si elle savait le bien que j’en pense, elle s'enfuirait tout de suite en Antarctique ! Ensuite, ma pauvre Ginette, c’est pas parce qu’on est en maison
de retraite qu’on doit battre
en retraite ! Foi de feu le colonel !...