La Goguette ou un petit retour discret...

J'ai planté un arbre. Sur une vieille île, de mon enfance, sur le flanc de la plage. Il y a des années. Comme un sanctuaire de mes souvenirs, de ma vie "d'avant", des jours d'été heureux, tous ces 15 août passés à regarder les étoiles filer au son d'une guitare sèche autour d'un feu de camp.

C'était l'Île de la Comtesse. Je m'y laissais enfermer lorsque la marée montait, six heures de liberté, de paix, de silence, de quiétude, d'inquiétude. A me demander comment ils réagiraient quand je rentrerais : cris, panique, désobéissance, punition. Peu importait, j'étais libre. Morte de peur à chaque bruit dans les hautes herbes, mais libre. Et associer liberté à peur est peu banal. Et des éventualités d'explications s'ouvrent.

Bonheur, liberté, souffrance... Peur... tout me renvoie à la peur. Sauf la mort.

Je n'ai pas planté d'arbre, cette île est mon arbre, mon repère, mon aber dans l'horizon, mon phare avec ou sans pruneaux, la seule constante de ma vie - entière. Et la voilà cette île, mon île :



Et comble du hasard, dans mon rade préféré des sphères parisiennes, un écrivain de talent me croise, sympathise, me surnomme Duchesse, comme cette Duchesse Anne qui trônait là-bas alors, et connaît cet endroit comme s'il l'avait quitté hier. Parce qu'il ne l'a jamais quitté lui non plus. Trente ans nous séparent, et il se laissait enfermer lui aussi sur ce bout de terre, cet ilôt de tranquillité du Goëlo... Et nous avions, lors de nos réminiscences aux effluves arrosés, des souvenirs communs que pourtant tout séparait. J'ai donc un arbre sur cette île, un repère, un aber dans l'horizon, un phare, une constante... qui s'abreuve au galopin en me contant ses aventures adolescentes et champêtres.

Encore un être exceptionnel, qui passe, reste ou part, un des rares arbres contre lesquels j'ai envie de me blottir et pas de me jeter. Un pilier, solide. Un roc. Une île.

Alors la, je suis... Sans voix!
c'est un retour triomphant que tu fais la dis-moi!
Un superbe texte pour un très beau souvenir

Merci de m'accueillir à nouveau Cassy.

Merci m'dame de nous rappeler qu'un arbre est un peu plus que du bois et quelques feuilles, un peu de vie, de liberté, malgré son apparente immobilité.

Un très beau texte et le plaisir de te retrouver ici.

Merci les gens.
Feuille, un arbre est bien loin d'être immobile ! Et toi que j'ai croisé tout près de Brocéliande devrait le savoir mieux que quiconque