Je ne peux m'empêcher de penser à la mer en hiver : noire, en colère souvent, calme rarement, où que je sois elle me parle et me secoue, me remue : Saint-Quay Portrieux, Douarnenez, Quiberon, Saint-Brévin Les Pins, Ouistreham, Knokke-Le-Zoute, Arcachon, Collioure, Port-Vendres, Sainte-Luce, Le Carbet...
C'est en cette saison que nous communions le plus. Les gouttes de pluie bretonnes qui me caressent le visage et les cheveux se retrouvent en elle pour lui donner plus de pouvoir encore, plus d'amplitude, plus de timbre, plus de place, plus d'importance à mes yeux.
Alors je m’assois sur le sable humide, et doucement, au rythme des rouleaux elle me rejoint et soudain le ciel s'éclaircit. Nous avons pu nous entendre, enfin. Elle se calme, je m'apaise. Ce sont mes larmes cette fois qui viennent l'abreuver, soulagement ultime. La mer, ma meilleure amie, celle qui m'accueillera jusqu'à mon dernier souffle et sans doute bien au-delà. Toujours là pour moi.
J'ai besoin d'elle, puiser en elle ses ressources, son courage, sa résistance et sa constance, elle m'apporte tant. Et chaque jour je lui rends hommage. Une image, une pensée, un bain, un bouquet de roses jeté d'un catamaran, un pavillon à son effigie.
La mer est un peu ma mère, comme j'aurais aimé qu'elle soit : accueillante, confiante, berçante, grondante et douce. C'est elle qui commande mais c'est elle qui invite.
Toujours assise sur le sable humide, perdue dans mes pensées, je me réveille... Je suis en retard pour le dîner. Après tout, une heure de plus ou de moins, quelle importance ?