Agathe

Après une journée de travail, j’aime apprécier ma soirée dans mon salon devant la télévision. Toutefois, il y a une chose que je déteste dans ma petite vie renfermée, c’est d’être dérangé par la sonnerie d’entrée. Il s’agit souvent d’un colporteur cherchant à vendre sa marchandise ou d’un agent d’assurance espérant me faire signer un contrat. Évidemment, ça se passe lorsque le suspens de ma série policière tire à son épilogue. Raison pour laquelle, je ne réponds plus à la sonnette.

Toutefois ce soir, cela dure depuis dix minutes; dix minutes que ça n’arrête pas de retentir. En plus, l’importun se permet même de frapper avec véhémence à la porte.
Je ne peux plus me concentrer sur l’écran, je perds le fil de l’histoire, donc je décide d’aller ouvrir, en étant déterminé de recevoir l’intrus (ou l’intruse) comme il se doit pour qu’il ou elle se rappelle de sa visite dérangeante!

Une fois la porte ouverte, ma surprise est totale. Elle a son bras gauche poilu sur le haut du cadre dominant l’entrée, l’autre bras pendu le long du corps. Ses mains ridées sont impressionnantes. Ses genoux sont fléchis. Ses oreilles sont petits au regard de son visage, ses yeux sont d’apparence tendre. Ma stupéfaction est d’autant plus grande, car ce n’est surtout pas elle que je peux imaginer rencontrer face à moi.

Je la reconnais de suite sans hésitation: il s’agit d’Agathe, celle que nous pouvons voir sur les nombreux avis de recherche, l’illustre gorille régionale évadée du zoo.

Le lendemain, au bureau, lorsque je relate mon anecdote, Agathe, pas la gorille mais ma collègue Agathe, se soucie de ma santé et pense que quelques jours de vacances me seraient bénéfiques…