D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai été marquée par le personnage de Sissi.*
La petite fille que j’étais, puis l’ado bien naïve, était fascinée par la si belle Romy Schneider interprétant « Sissi impératrice » J’adorais tout en bloc : l’histoire, les costumes, les sourires et les pleurs de l’héroïne, les bals, les promenades à cheval…
La beauté de l’actrice (aujourd’hui surannée, car Romy fut sublimée plus tard par ses rôles dans des films français tels que « La piscine », « La Banquière » « César et Rosalie » et tous les autres films de Sautet), le décor prestigieux de la Cour d’Autriche ou simplement les ballades dans les montagnes bavaroises m’emmenaient dans un rêve qui ne s’arrêtait pas une fois la séance finie !
Rentrée à la maison, en secret, j’enfilais tout ce qui pouvait me faire ressembler (de très loin !!!) à mon héroïne et je me pavanais dans la cour de la maison ou descendais comme si je foulais le sol vénitien, à ma descente de gondole.
Ceci, bien sûr, en cachette. Parents au travail ou absents, nul ne devait se douter de ma comédie. Jusqu’au jour où le locataire du 3e étage rentra plus tôt que la normale et me découvrit en train de dire tout haut « Franz, je vous aime ! » au pied de l’escalier, la tête et le corps enveloppés dans des vieux draps et des serviettes !
Je pris mes jambes à mon cou ! Et arrêtai mon film sur le champ !
Mon second souvenir cinématographique impérissable fut « Laurence d’Arabie » avec Peter O’Toole, l’acteur anglais aux yeux bleu acier. La musique envoûtante et la longue marche à dos de chameau dans le désert…
3h de projection pour ce film avec aussi Omar Sharif ( Aââh, le docteur Jivago ! )
Quatre lignes pour parler de ce film, eh oui parce que ce film je n’en ai pas vu grand-chose…J’étais au cinéma avec mon premier grand amour (loin d’être aussi beau que « El Laurence » !) mais qui me détourna tendrement de l’écran et réalisa la performance de me faire un film dont il fut le héros…
Hélàs, dans la vraie vie, l’histoire tourna court…
Et je me rabattis sur « Autant en emporte le vent » avec Vivien Leigh et Clark Gable, Leslie Howard et Olivia de Havilland (rien que des vieux, tous morts !)
Là, au moins, Scarlett ne se laissait pas marcher sur les pieds par le premier venu et me vengeait secrètement sauf qu’à la fin, cela ne finissait pas mieux pour elle que pour moi !
Il me fallut encore un certain temps avant de cesser de m’identifier à d’autres personnages.
Je pleurai encore un peu sur la totale fidélité de Meryl Streep dans « Sur la route de Madison » devant un Clint Eastwood, à tomber…
J’aurais tant voulu ouvrir grands mes bras à « Forrest Gump « pour qu’il me donne sa boîte de chocolats…
Faire « Les quatre cent coups », parler comme « L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux »…
Finalement après « La Vita è bella » cette magnifique histoire de Roberto Benigni, je mis un point final à mon cinéma.
Ce dernier titre entra ainsi de plein pied dans ma réalité…
*Au point d’écrire encore l’été dernier un article avec la collaboration de Catsoniou