Et les touristes...

Seuls le vent et le sable savent où ils vont.

Et moi, je les contemple, un peu comme on contemple un train qui passe. Cela peut être très doux, un train qui passe, si on fait abstraction du bruit.

Je les regarde, et j’ai un peu honte. Eux, ils portent, ils travaillent, et leurs sacs semblent bien lourds. Moi, je touriste, et me pose d’obscures questions sur leur direction, sur le temps qui passe et sur le vent qui souffle où il veut.

J’ai honte, et pourtant, seul le sable sait ce qu’ils pensent. Sont-ils heureux de leur sort ? Heureux de ce travail ? Peut-être que ces sacs contiennent le plâtre pour la nouvelle maison de l'un d'eux ? Ou peut être qu'ils contiennent de la précieuse farine ? Dans tous les cas, ces porteurs aimeraient-ils vraiment être à ma place ?

Ces questions n’ont pas de sens. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de me les poser.
Tout en les contemplant passer.

Sans que ni moi, ni peut-être le sable, ni peut-être le vent, ne sachent où leurs pas les portent.

J'aime bien le verbe "tourister" !
Touriste = voyeur. C'est un peu ce que j'ai ressenti lors d'un ancien séjour en Egypte. Même si, comme tu le soulignes justement, les questions qui nous assaillent sont parfois vaines...

Une autre façon d'aborder la consigne, qui est intéressante.
Simple spectateur, tu observes, un peu comme si tu étais derrière un miroir sans teint .
Et on lit ici le décalage immense entre tes pensées et celles probablement de ces hommes.
Il sera d'ailleurs très intéressant d'avoir la version de Sherkane qui a pris la photo, avec certainement une pensée particulière lorsqu'elle a choisit ce moment là justement

"Je les regarde et j'ai un peu honte" ...

C'est certainement l'impression des touristes . Mais effectivement, comme l'écrit Admin, les pensées de ces hommes sont probablement différentes de celles du touriste qui les observe... Bien qu'on ne puisse en être certain : le fatalisme n'est-il pas un sentiment dominant chez l'homme, notamment quand les conditions de vie sont extrêmes ?

Moi aussi, j'aime le verbe " tourister".
Tu t'es placée en " voyeuse" comme nous le sommes souvent en pays étranger pauvre.
Tu exprimes bien les sentiments ressentis alors, honte ou curiosité, parfois malsaine...
MAIS :
Il faut quand même avoir le courage de dire tout haut aussi que, la plupart du temps, c'est le tourisme qui permet à une partie de la population ( Egypte, Maroc, Tunisie, Maldives, Thaïlande et j'en passe) de ne pas crever de faim.
Et s'il y a un comportement inadéquat ( je pense au tourisme sexuel), je connais aussi des gens ( j'en fais partie) qui partent les valises pleines de papier, crayons, voire vêtements pour enfants.

Pour la forme, je relève " tout en les contemplant passer..." et le" contemplant" me gêne...

Un point de vue original et très intéressant et qui rend bien, je trouve, ce que sont certains touristes en milieu étranger...
Mais je ne me lance pas sur ce sujet parce que je peux être:
1. intarissable
2. insupportable
3. très énervée
quand je me mets à parler du touriste à l'étranger!

Sans doute que les pensées/questionnements que notre "touriste" attribue à ces porteurs ne sont pas les "vraies". Il le reconnaît lui-même, il n'arrive pas à se mettre à leur place, et il est très loin d’interagir avec eux. Pour un peu, il pourrait simplement regarder une photo.

Après (et cela ne transparaît pas vraiment dans mon texte), je pense qu'un touriste dans le Dolpo est peut-être différent d'un touriste "traditionnel", ne serait-ce que parce que ce n'est pas une mince affaire, que de se rendre là-bas, et que cela demande un certain effort, physique et intellectuel (enfin, j'imagine...Je n'y suis jamais allée).

Amanda, ne t'en vas pas ! Au contraire, j'apprécie aussi les commentaires sur la forme, surtout quand ils sont justifiés comme le tien. Je me suis trouvée en panne de vocabulaire pour l'idée de regarder, d'où ce "contemple" pas tellement à sa place. L'idée ici, c'est qu'il regarde, pas qu'il contemple. Mais j'ai repris le terme aussi parce que je l'avais employé au début et que je voulais une sorte de parallélisme entre le début et la fin.
Merci

"Tourister" : verbe du premier groupe. Se dit de la personne qui a la tourista, pour signifier ses allées et venues entre les chiottes et sont lit.
" Les trois premiers jours je n'ai pas cessé de tourister. Ce fut épuisant"
(Louis Antoine de Bougainville (Français, 1729-1811), à son retour des îles Malouines.

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et sinon je m'abstiendrai concernant le tourisme et les touristes…

sacré Alainx !
mais il s'est abstenu de conjuguer le verbe auquel cas... ça devient compliqué !!!

sinon c'est un très beau texte, qui nous renvoie à nos propres questionnements... j'aime beaucoup.

Sel a écrit:

Ces questions n’ont pas de sens. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de me les poser.

Et je pense tout à fait normal que nous nous interrogeons, et pas seulement en tant que touriste. Car quelque part, nous devons aussi comparer notre vie dans le luxe en voyageant confortablement dans un train, sans rien porter; tandis qu'eux...

Un bon texte de questionnements et ça me plait.

C'est pour cela que je n'aime pas tourister dans un pays pauvre.