A la troisième tentative, José réussit à franchir la frontière, à Tijuana, la petite ville mexicaine la plus proche de San Diego en Californie.
A 16 ans, José prit le large avec quelques compagnons, mais leur misérable barque fut vite repérée par les garde-côtes et il ne dut son salut qu’à son corps entraîné à la nage depuis l’enfance. Il regagna son village, trempé, sans un sou mais déterminé à recommencer.
A 17 ans, il retenta sa chance en se cachant derrière les bidons d’huile que transportait un gros 15 Tonnes. Nouvel échec , après une fouille en règle des douaniers et retour à la casa, la crasse et la misère.
A 18 ans, après avoir soigneusement étudié la carte, il partit seul et à pied. Et il passa entre les mailles du filet, comme tant d’autres mexicains avant lui. Il fit alors le serment de ne plus jamais retourner d’où il venait, quoi qu’il arrive, quoi qu’il doive faire pour l’éviter…
Et comme des milliers d’émigrés, il suivit la filière connue d’eux seuls et se procura de faux papiers. Il y laissa ses derniers pesos.
Il était temps de gagner des dollars et San Diego lui ouvrait les bras.
Située au bord de l’Océan Pacifique, base de la marine américaine et port de plaisance, la ville offre mille et une opportunités pour les « mexicos », les « chicos et les chicas », trop heureux d’accomplir pour quelques dollars les boulots dont les Américains ne veulent plus : conducteurs de bus ou de taxis, femmes de chambre ou plongeurs dans les bars ou restaurants, balayeurs de rue…Ils sont partout !
Ce qui déplaît souverainement à une partie de la population américaine, les Républicains purs et durs, les Mormons dont Nick Ratney est le leader incontesté. Cet homme brigue la présidence des Etats-Unis. L’un de ses fers de lance est de renvoyer « toute cette racaille » dans leur pays, en l’occurrence le Mexique ou Cuba.
Tout cela, José l’ignorait. Il ignorait aussi que son physique à la « Julio Iglesias » attirerait l’attention d’un des nombreux agents artistiques qui errent dans la ville à la recherche de nouvelles têtes.
Los Angeles et Hollywood ne sont qu’à quelques heures de vol de San Diego…
José décrocha, bien malgré lui, un contrat de mannequinat. Il fit la une de « Vogue » et de « USA today » Très vite, il devint une icône de mode et l’idole de toute une jeunesse, ne comptant plus ses amis sur Facebook ou Twitter…
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. A Hollywood, José était invité partout, on ne voyait que lui. Il gagnait très bien sa vie tout en restant discret sur son passé, ce qui l’auréolait encore davantage ! Le mystère, ça sert !
Jusqu’à ce qu’un petit fouille-merde de journaliste eut l’idée d’enquêter sur son passé. Il se cassa le nez, José n’en avait aucun, de passé…
Avant son arrivée à San Diego, avant ses 18 ans, nada !
Le journaliste poursuivit son investigation et tomba sur le faussaire qui avait fourni ses papiers à José, « José Martin » au lieu de Martinez…
Le journaliste tenait son scoop !
En pleine campagne électorale, il fournirait de l’eau au moulin de Nick Ratney, qui écraserait sans pitié son adversaire Jack Baraka, actuel président des Etats-Unis. Cet homme de couleur, quant à lui, en bon démocrate, prônait la libre circulation des personnes, leur intégration sociale.
Mais à Hollywood, tout se sait, c’est un village.
L’histoire fut rapportée à José.
José avait fait un serment, il le tiendrait, il l’a tenue…
José prit le premier avion pour l'Utah et acheta un revolver chez le premier armurier de Salt Lake City, siège des Mormons.
Et quand Nick Ratney arriva pour un ultime discours, il tira 3 coups à bout portant. Les gardes du corps ne se méfiaient pas de José, le célèbre mannequin venu soutenir le candidat…
José n’attend aucune grâce.
Il a tué, il doit payer.
Il a tué Nick Ratney, le candidat républicain pour l’empêcher de devenir en ce mardi 6 novembre 2O12, le Président des Etats-Unis d’Amérique.
Il a tué Nick Ratney au nom de tous les siens, ceux à qui Nick Ratney voulait enlever l’espoir, l’espoir d’une vie meilleure, des soins de santé et une protection sociale. Celle que Jack Baraka, l’actuel président et candidat démocrate avait promis.
Nul ne sait encore si Baraka l’emportera et si José il grâciera…
Réponse dans quelques heures…