Rappel du premier message :
Les villes sont indicibles
les trains jettent leurs traînées luisantes à pleine boucherie de rails
la nuit borgne enserre le dépôt de toutes parts
en Allemagne le tramway écrasé
Berlin et l'apocalypse
La bombe a explosé
Sarajevo ne m'oublie pas
c'est aussi le métro trois jours par semaine avec le marché les bouquets de fleurs et des filets de fruits c'est la langueur brune ou noire c'est le fantasme de l'un l'empiètement de l'autre la promiscuité des corps le déni du tchador l'espoir de s'évader les bras enserrés les poignets pliés le message de secours que l'on reçoit la volonté de rêver à perte de voyage l'isochromie de métal et le velours du trait que l'on dérobe à l'assassin le corps jeté sur la voie l'électrocution du troisième rail
Nous sommes seuls dans le premier métro
Nos corps secoués par un relent de chimie spasmodique
Tous poignards plantés dans nos côtés
et puis simplement le tramway le transport la sueur image et mort vie et violence amour et rédemption vision de cauchemar éternité du pardon je porte ma besace d'illusions en bandoulière
Il manquait juste les voix les odeurs et le toucher du soleil pour compter les heures d'abandon qui se presseraient familières au large des voitures
Ce soir, avec le dernier métro, voilà la littérature qui se met en rang.