il est un arbre immense

Il est un arbre immense



Il est un arbre immense
Qui ploie près d’un torrent
Il croit dans le silence
Quand l’horizon décroît.
Il ressemble à un homme
Qui n’aurait plus de voix
Qui se serait assis
Tout près en contre bas.

Qui connaîtrait en somme
La faim la peur le froid
Qui n’aurait plus de larme
Qui n’aurait plus le choix
Et qui n’aurait plus d’arme
Pour se battre ici bas.
Près de cet arbre immense
Qui ploie dans le silence
Il n’y a plus que toi
Qui dit dans le grand soir
Si fort ce que tu crois
Que même sans le savoir
Accourent dans le noir
Ceux qui cherchent l’espoir
Qui ont confiance en toi.
Tu sais, mon arbre immense
Que l’horizon flamboie,
Mon torrent et ma source,
Tu es tout à la fois :
Mon astre, ma conscience
Mon regard et ma voix
Ma force, ma démence
Mon puissant désarroi.
Je voudrais tant te dire
Tout ce qu’on ne dit pas
De peur de tout détruire
Et de voir se finir
Ce que l’on n’avoue pas.
De le rendre impossible
Et de garder pour soi
Ce grand bonheur fragile
Ces vers du poète,
Et les mots du prophète.
Cette force invincible
La joie de partager
Et ce plaisir d’offrir
A l’autre à tout jamais
Donnant plus que sa chair :
L’amour et le respect.
Tu vas vers la Grande Ourse
Par la nuit étoilée
Pour poursuivre ta course,
Quand Vénus immortelle
Pour mieux t’avoir prés d’elle
Te choisi comme pâtre
Pour gravir les montagnes
Conduisant les troupeaux
De la fraîche aube claire
A l’heure des bergers
Suivant dans la nuit pure
Le plus puissant des astres
Qu’un écrin de verdure
Parfumant la campagne
A l’aurore perlée
De senteur de fougères,
Joyau de la nature
Baigné par la rosée.
De sources en cratères
De larmes t’abreuverait
Avant de disparaître
Dans la brume du soir
Un peu comme une femme
Qui ne pourrais t’aimer
Qui t’offrirait son âme
Pour t’avoir à jamais,
Referme dans le silence
Son cœur et ses regrets
Dans une peine immense
Que rien n’effacerait.