Pleine conscience

Je n’avais jamais remarqué qu’on pouvait voir la lune en plein jour, ni que le ciel pouvait être aussi lumineux.
Je suis bien ! Je ne crois pas avoir eu ce sentiment depuis longtemps.
Il suffit de laisser aller et venir ses pensées, comme si c’étaient des nuages, souffler dessus pour ne pas qu’elles s’accrochent, toutes ses pensées qui nous polluent la tête avec cette impression de n’avoir aucune emprise sur elles.

Allongée, détendue, je respire calmement : le temps qui passe, le repas à préparer, le dossier à boucler pour la fin de semaine, le cerveau qui bouillonne sans cesse !
Je réalise soudain qu’imperceptiblement je change mon regard, je ne suis plus prisonnière mais spectatrice. Alors je me détache du quotidien. Je suis enfin en pleine conscience.
J’entends le chant des oiseaux, le souffle du vent sur les branchages. L’odeur du thym, du basilic parvient à mes narines. Celle des tomates se mélange à celle de l’osier du cabas.

Depuis mon arrivée dans ce petit village perché dans la Garrigue, il y a un mois, je n’ai pas pris le temps de me poser, de réfléchir. J’ai quitté Paris dans l’urgence, comme on décide de se détourner d’une addiction. La mienne, c’était mon rapport avec cette ville qui grouille de bruit, de monde, de vies.
Métro, boulot, dodo ! Expos, restos, chrono !

En pleine conscience, une pensée traverse et cette fois s’accroche à mon esprit : j’ai fait le bon choix !
Merci Paris, merci ta grisaille, merci ton bruit incessant, merci tes milliers de regards qui te traversent sans te voir, merci tes centaines de gens qui t’entendent sans t’écouter.
Merci Paris de m’avoir permis de réaliser que je ne t’aimais plus, que je ne te désirais plus, que ma vie était ailleurs et pour de bon.
Tu étais une amante exigeante, Paris, prenant un peu plus chaque jour de mon énergie, de mes désirs.

Alors oui, ici, sur ce banc, dans ce petit parc de Provence, allongée, détendue, je peux bien te l’avouer, en pleine conscience :

Merci Paris de m’avoir quittée

Merci Paris de m’avoir permis de réaliser qu’en m’accrochant à toi, je m’éteignais doucement, et que partir c’était vivre.

C'est exactement cela que je ressens quand je suis à La Garrigue, dans mon jardin.
A un mot près, tu remplaces " Paris" par " Bruxelles" et je signe !
Parfaite osmose, tu lis dans mes pensées !

M'enfin cassy ?
Paris, c'est beau , c'est magnifique et tout et tout : la Tour Effel, le Louvre, les Champs - Elysées, le Metropolitain, ses senteurs délicates, l'empressement de la foule dans les wagons, la ronde des voitures ... Bref, Paris, c'est chouette , j'ai vécu à quelques kilomètres pendant six ans, et je regrette de ne pas avoir visionné tout ce qu'il y avait d'extraordinaire...
Mais aujourd'hui, je préfère ma campagne profonde et quand tu écris

Citation :

je ne suis plus prisonnière mais spectatrice

je me sens comme une parenté : la preuve, j'entends les animaux dialoguer ...

Je suis né à Paris, j'ai passé les 25 premières années de ma vie là-bas. C'est toute mon enfance. Quand de la belle province où j'habite - l'Alsace - me remonte un coup de cafard, je sors un ticket de métro et respire l'air du pays !
Bon, ceci dit, les choses ont changé et je comprends qu'on puisse rêver d'un ailleurs comme le fait joliment ce texte !

On s'y croit dans la Garrigue !
Celle d'en bas ou celle d'en haut ???

Escandelia, je ne comprends pas que tu te sentes en osmose avec la foule parisienne, les bousculades, et je t'en passe...
Tu aimes à ce point les embouteillages, l'air pollué ? Je ne peux pas le croire !

La dernière fois dans le métro un jeune s'est fait agressé devant nous, tu aimes ça ?

Si je pouvais, je vivrais dans le sud, tout le temps, on y vit pleinement, on n'a pas peur, on prend son temps, dans la Garrigue en haut, Sol-eille et celle d'en bas. !

Citation :

Escandelia, je ne comprends pas que tu te sentes en osmose avec la foule parisienne, les bousculades, et je t'en passe...

A chacun ses troubles psychotiques, il faut croire !

et il n'est nul besoin d'être à Paris pour connaitre les maux dont tu parles ; des agressions il y en a même à la campagne, et c'est surtout pas à moi qu'il faut dire le contraire ! Perso cela ne m'est jamais arrivé à Paris.

Heureusement il y a des citadins qui aiment la grande ville, qui s'y sentent bien. Il en faut pour tous les goûts en effet.
La plupart des gens qui partent vivre à Paris ne rêvent que d'une chose : retourner en Province, mais il y a des exceptions, Delia en est un exemple
Je pense malgré tout qu'il est plus facile d'aimer Paris quand on a les moyens d'y vivre.
Mais je ne suis pas spécialiste en la matière, je n'ai jamais vécu à Paris!

C'est tout un débat, en effet !
La ville offre mille et une possibilités au point de vue culture, animations et rencontres cosmopolites.
Mais dans les grandes capitales, les gens sont stressés, pressés, ne se parlent pas, ne se connaissent pas pour la plupart. Et l'agressivité des automobilistes est générale.

Dans mon enfance, dans mon quartier de la ville, mes parents et moi connaissions et parlions avec tout le monde.
A présent, ( et ce n'est pas faute d'avoir essayé de nouer des liens !) je ne connais que quelques voisins dans ma rue. Je salue tout le monde mais on ne me répond pas ou à peine.
Je n'ai rencontré rien de tout cela dans les villages du Sud de la France. En entrant dans le plus petit magasin ( et aussi le plus grand !) tout le monde vous dit " Bonjour" et engage la conversation. C'est convivial, c'est chaleureux.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de criminalité ( Marseille et Avignon comme Carpentras n'abritent pas que des anges ), mais chez moi et autour de moi, je laisse ma porte ouverte, ce que je ne ferais jamais à Bruxelles.
Bref, la Garrigue c'est ma préférence à moi.
Malheureusement je ne peux pas y rester longtemps.
Un jour peut-être ?