Texte de Tobermory

Citation :

Dès que mon crayon aperçoit un papier, il se précipite pour des effusions sans fin. Ce sont des familiers, tous deux viennent de la forêt. Le crayon a gardé de l’arbre l’essentiel, le tronc, mais chez lui, la sève a prodigieusement évolué pour se muer en cette matière grise qui prolonge si bien la votre que parfois vous vous demandez si ce n’est pas lui qui pense. Malgré ses dons, le crayon reste modeste. Comparez le plutôt au reste de la panoplie :

Le stylo, ce prétentieux qui se veut l’aristocrate de l’écriture, le summum, qui se donne des noms de sommets.

Le stylobille, encore pire, un parvenu, un rustre baveux, tellement persuadé de l’excellence de ses productions qu’il ne laisse que des traces indélébiles.

Et que dire de l’ordinateur, un pédant qui vous souligne d’un rouge furieux la moindre faute et vous aligne ses caractère au cordeau avec l’air de dire « c’est prêt pour l’impression, regarde comme c’est beau, on dirait une page du Goncourt. »

Mon crayon, lui, n’a pas peur du brouillon, de la rature, du gribouillis, des fautes. Il sautille, il bondit, faisant fi des barbelés des lignes. Sa mine grise vous donne la griserie de l’imagination en liberté, pas encore domestiquée. Vous trouvez qu’il va trop loin, qu’il écrit n’importe quoi ? Pas de problème, il sait aussi s’effacer et vous tend lui même la gomme.

Dans le plumier, trop petits pour mes doigts, gisent les mégots de crayons, encore brûlants des incandescences passées.

Magnifique texte. Et j'ai tout a coup envie de reprendre la feuille et le papier !!!!!!
Très heureuse de t'accueillir parmi les Kaleidoplumiens, en espérant que tu te sentiras bien chez nous.
Je t'ouvre avec joie les portes de notre atelier, dans l'attente de te lire très vite sur une consigne.
Je te conseille de lire attentivement les chartes du forum ainsi que les tutoriels et si tu as la moindre question, n'hésite pas a me contacter.
Bienvenu

Bienvenue à toi Tobermory.

Excellente façon de présenter nos compagnons d'écritures. Ça mérite de devenir un sujet de consigne, avec les plumes d'oies ou sergent major, les portes mines, etc.

Par contre, il manque peut-être une transition entre les deux derniers paragraphes pour passer de la gomme au plumier ; peut-être en mettant les deux fins en parallèle, entre les mots qui disparaissent sous les coups de gommes et l'enterrement des crayons épuisés.

Fort à propos, Tobermary nous rappelle que l'écriture se conjugue différemment selon qu'elle transite par crayon, stylo ou clavier.

Nul doute que ce texte d'entrée précède des sujets consécutifs aux consignes concoctées par nos modos à l'esprit aussi bien affuté qu'un crayon à papier digne de ce nom.

Donc, bienvenue à toi Tobermary...

Ma marotte du souvenir me conduit à vous conter une anecdote vécue . Dans mon très jeune temps, le crayon était le premier outil que vous confiait la maitresse. Première difficulté de gaucher : faut-il commencer à droite ou à gauche de la page ? Il m'apparaissait logique de débuter à droite et pour la lecture de ces essais, il était conseillé de se munir d'un miroir. Quant au porte-plume cher à Feuille, le gaucher rencontre une difficulté inattendue : le tranchant de sa patte gauche suit la trajectoire des mots bien alignés... Il en résulte un pâté du plus bel effet dont la maitresse n'apprécie pas toujours les contours délicats...

Vous doutez de la véracité de ce propos ? Essayez - vous donc à l'écriture par main gauche interposée et en cas de carence, demandez à feuille de vous prêter sa plume sergent-major !

Bonjour Tobermory, je suis toute nouvelle aussi, quelques jours seulement !
Catsoniou, je te reçois 5/5 : moi aussi j'ai connu les affres d'être gauchère et de devoir écrire avec la main droite. Les portes plumes à tremper dans l'encrier, les taches d'encre sur les doigts, les cahiers, le tablier, les sermons de la maitresse, mais quels mauvais souvenirs qui ont fait de moi une (gauchère) contrariée !

Bienvenue avec ce très beau texte qui inciterait presque à mettre l'ordi sur le côté et de reprendre le crayon !

J'aime beaucoup ton texte qui décrit de façon originale la vie des outils d'écriture et les rend très vivants.

Alors à tes crayons, tes papiers, et bienvenue chez kalé

Bienvenue parmi nous ! J'ai aimé ton texte, sa fluidité, sa légèreté et peut-être un rythme très enlevé.

Bienvenue parmi nous.
Un très bel éloge du crayon.

Bienvenue Tobermory ! Est-ce dans ton plumier d'écolier que tu conserves tes trognons de crayon ? Le mien n'a pas résisté, le pauvre, aux brusqueries de mes frères qui l'ont utilisé après moi ! Mais JM a toujours le sien - que j'ai, là, sous les yeux - où l'on devine encore, malgré les taches d'encre, un paysage de montagne avec chalet, sapins...

Merci pour votre accueil et vos commentaires.
Je viens ici pour me donner des occasions d’écrire et discuter d’écriture avec des passionnés. Sans les contraintes des jeux d’écriture, je me motive difficilement.
Comme la plupart de ceux qui écrivent ( de temps en temps), je suis un peu menteur. A vrai dire, je me passerais difficilement de mon ordinateur, mais tout de même quand je cherche des idées pour un texte, je n’aime rien tant que le crayon ; c’est lui qui me donne le mieux l’impression de brouillon sans conséquence, mais pas forcément sans intérêt. Et souvent je me reproche de passer trop vite à l’ordi et j’ai un peu honte de ces infidélités au crayon. Mes chats ont d’ailleurs bien enregistré mes habitudes : souvent ils s’installent sur la chaise devant l’ordi, sachant que je ne vais pas tarder à y aller.
Feuille : ton idée du parallèle entre la mort des mots et l’épuisement du crayon est excellente.

Catsoniou : tenter d’écrire de la main gauche : j’essayerai, une expérience nouvelle est toujours enrichissante. Mais j’écris tellement mal de la main droite que c’est déjà presque une main gauche.

4 vents : hélas, je n’ai plus de plumier et mes croupions de crayons se sont perdus. Le crayon de JM qui affiche un paysage de montagne : encore un mythomane (mythomine?) qui se prend pour un stylo Montblanc…

Merci Trainmusical pour ce superbe cadeau de bienvenue ! Jaune et noir, les couleurs de la Série noire : affuté à point pour griffonner des idées de polar. A moins qu’il ne s’agisse du gilet rayé du valet de chambre, ce qui conviendrait très bien aussi à ce modeste serviteur de l’écriture.