Nerwen Modératrice
| Sujet: Été 2013 Ven 6 Sep 2013 - 19:10 | |
| Pour moi, point de plages, de garrigues ensoleillées, de cimes enneigées ou de rivages exotiques, non rien de tout cela, mais une île de brouillard et de lave, sauvage, dangereuse et ô combien fascinante ! Car, voyez-vous, j’ai passé l’été en Islande, en compagnie de son plus célèbre auteur de fiction criminelle, Arnaldur Indridason.
Quand Arnaldur Indridason a commencé à écrire en 1997, le roman policier était considéré comme un genre mineur en Islande et à l’inverse des autres pays scandinaves, il n’existait pas de tradition littéraire dans ce domaine. Il n'y avait en effet que très peu d’actes criminels dans ce petit pays, et par conséquent, très peu d’enquêtes de police. Depuis quinze ans les choses ont bien changé à l’instar de la société elle-même qui a subi de grands bouleversements. La société ancestrale de paysans et de pêcheurs s’est transformée en une société urbaine dans laquelle, aujourd’hui, la moitié de la population habite la capitale Reykjavík. A cet exode rural massif s’est ajoutée une très grave crise financière. En effet, après une période de croissance extraordinaire, l’Islande, était devenue le paradis des investisseurs, mais le système bancaire et financier jouait un trop grand rôle dans l’économie du pays et quand, en 2008, le système financier s’écroule, toute l’économie du pays est très gravement compromise et l’État islandais fait faillite. Aujourd’hui, l’économie est relancée mais les traces de ces bouleversements perdurent. C’est dans ce contexte qu’Arnaldur Indridason situe les intrigues de ses romans, ancrés de ce fait, dans la réalité islandaise.
Neuf de ses romans mettent en scène la même équipe d’enquêteurs sous la direction du commissaire Erlendur, un flic abrupt, nostalgique de l’Islande traditionnelle, profondément mélancolique, sensible au malheur des autres mais incapable de s’occuper de sa propre famille. De lui l’auteur dit : « Quand je l’ai créé, je ne savais pas grand-chose de lui. Je l’ai découvert peu à peu, il s’est étoffé au fur et à mesure de la dizaine d’enquêtes où je le mets en scène. Mais je savais, dès le départ, que c’était un homme profondément ancré dans la réalité islandaise, dans ses paysages, dans son histoire. Tout ce qui lui arrive, les personnes qu’il rencontre, les situations auxquelles il est confronté, est absolument réaliste. Je voulais qu’il représente quelque chose de l’âme islandaise. » Le commissaire Erlandur connaît la difficulté de vivre en Islande, dans une nature hostile où le temps peut changer d’un instant à l’autre, où les hommes peuvent se perdre dans le brouillard et où leur corps ne sera jamais retrouvé. Cela arrive encore aux chasseurs comme c’est arrivé, jadis, dans la vie de l’enquêteur qui porte au cœur une blessure profonde. Il est hanté par la disparition de son petit frère, dans une tempête, quand ils étaient enfants.
Depuis « La Cité des Jarres », premier roman traduit en français, jusqu’à « Etranges rivages » chronologiquement le dernier en date de la série, en passant par « La femme en vert », « « Hypothermie », « La muraille de lave », ce qui frappe dans chacun des neuf romans de la série Erlendur, c’est la détermination du policier à mener à bien son enquête, au besoin en détruisant le vernis trop lisse d’une société malade de l’intérieur, en remuant un passé glauque et lourd de secrets que beaucoup, victimes comme bourreaux, auraient préféré laisser enfouis... Pourtant, la vérité, aussi horrible soit-elle, Erlendur parviendra toujours à la déterrer, au terme d’une enquête qui ne laissera personne indemne, pas même lui, qui se croyait pourtant à l’abri de la carapace de flic qu'il s’est forgée peu à peu.
Plonger dans l’univers d’Arnaldur Indridason c’est, malgré la noirceur des intrigues, découvrir des personnages attachants et un pays fascinant très éloigné de notre quotidien : dépaysement assuré. | |
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sol-eille Maîtrise le sujet
| Sujet: Re: Été 2013 Mer 11 Sep 2013 - 10:50 | |
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Amanda Modératrice
| Sujet: Re: Été 2013 Dim 15 Sep 2013 - 16:52 | |
| Merci Nerwen, je vote pour ce dépaysement assuré, je vais essayer de me procurer un de ces livres... | |
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