Je vais sans doute vous étonner, cet été, je suis partie en randonnée.
Un peu tard pour t’y mettre, Amanda !
Oh que non, car j’avais choisi un excellent guide et compagnon, vivement conseillé par une amie de la Garrigue.
Un inconnu pour moi mais par pour elle, toujours très concernée par la littérature, puisqu’elle participe à l’organisation du Festival de correspondance de Grignan dans la Drôme ( voir la Saga de l’été : « Le secret de Notre-Dame »)
Comment, je ne connaissais pas Jean-Christophe Rufin ?
Médecin, historien, membre de l’Académie Française depuis 2OO8 et surtout ambassadeur de France et infatigable globe-trotter ?
Prix Goncourt pour « Rouge Brésil » ?
Et auteur à succès cet été d’ « Immortelle Randonnée – Compostelle malgré moi » ?
Voilà, aussitôt elle me prête le livre et me voilà partie sur les chemins du pèlerinage de Compostelle avec Rufin.
J’en suis sortie changée de cette lecture.
L’auteur annonce d’emblée la couleur : il est athée et n’entame ce Chemin de Compostelle que par défi.
Car « à qui fera-t-on croire que les ossements de l’apôtre Jacques, disciple du Christ en Palestine et y décédé, se retrouvent mystérieusement dans une grotte près de Compostelle ? »
Rufin s’étonne de l’effet « mode » de ce pèlerinage, devenu un « must » pour les « bobos » du monde entier.
Si certains ont vraiment la foi, la plupart le font pour faire des rencontres. Bien plus directes que sur un site Internet !
Certains ( un peu comme lui) le font comme sport, poussent le bouchon souvent trop loin et finissent lamentablement par renoncer, ayant trop abusé de leurs forces.
Ce n’est pas le cas de Rufin, il persévérera jusqu’au bout dans des conditions souvent épouvantables. Il refuse les gîtes où on dort à 5O ou à 1OO, ne supportant pas les ronflements sonores des autres. Il dort seul, à l’écart dans une petite tente légère qu’il transporte dans son sac à dos. Sac à dos qui chaque jour s’allège, il se débarrasse du superflu, ne gardant précieusement que sa fameuse carte à faire tamponner d’une coquille à chaque étape.
Coutume qu’il trouve ridicule au départ mais qui , à l’arrivée deviendra tout un symbole de petites victoires sur lui-même.
Rufin nous fait rencontrer des tricheurs ( ceux qui marchent un quart d’heure et puis remontent dans leur voiture où l’attend leur chauffeur !), des frimeurs plus équipés pour la plage de St Tropez que pour la rando, des marchands du temple qui louent des chambres à prix fort et font payer une fortune une bouteille d’eau ou un sandwich.
Il a choisi le chemin le plus aride celui du côté espagnol, avec des paysages lunaires ou magnifiques dans une solitude, une paix que l’on ne peut trouver que là.
Il a croisé des cœurs généreux, des rires et des larmes, bref il dresse ainsi un vaste portrait de notre société.
Lisez ce livre, vous n’en sortirez pas indemne.
De lui aussi, j’ai lu cet été « Katiba », tout autre chose, la vie des combattants d’Al-Quaïda en Ethiopie. Une autre vision du monde futur, de tout ce qu’on nous cache…