Edith Piaf et Jacques Brel se rencontrent au Purgatoire des Artistes. C’est un lieu très spécial qui gomme les âges et donne bonne mine, quelque part entre deux planètes, pas loin de celle du Petit Prince, sur la gauche, vous voyez ?
Les artistes sont souvent en tournée, même ici, ce qui explique qu’ils ne se soient jamais rencontrés avant ce soir. Le hasard, quoi…
Edith est au bar ( si, si, je vous l’affirme, il y a un bar dans ce purgatoire-là ), Jacques entre :
Edith : Au suivant !
Jacques : Tu pourrais au moins m’appeler Milord, la Môme !
Edith : Tais-toi donc, Grand Jacques ! C’est trop facile quand un amour se meurt, qu’il craque en deux parce qu’on l’a trop plié, de venir pleurer comme les hommes pleurent !
Jacques : Moi, je sais tous tes sortilèges, la Môme ! Bien sûr, tu as pris quelques amants, il fallait bien que le corps exulte !
Edith : Padam, padam, padam …
Jacques : Madame traîne son enfance qui change selon les circonstances, Madame promène à l’aube, la preuve de ses insomnies, je trouve que Madame est servie !
Edith : Bravo pour le clown !
Jacques : Madame promène son rire comme d’autres leur vaseline, je trouve que Madame est coquine…
Edith : Ma parole ! La Goualante du Pauvre Jacques ! J’m’en fous pas mal ! Je ne regrette rien !
Jacques : Allez, j’t’ai apporté des bonbons…
Edith : Finalement, finalement, il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adultes !
Jacques : Mille fois je pris mon envol ! Plus rien ne ressemblait à rien, tu avais perdu le goût de l’eau et moi celui de la conquête…
Edith : A quoi ça sert l’amour ?
Jacques : Mais Edith, il n’y a que l’amour. De l’aube jusqu’à la fin du jour…
Edith : Reste, Grand Jacques, reste encore un jour, deux jours….Ne me quitte pas !
Jacques : Partons Edith, là où personne ne part… Rêver un impossible rêve…
Tenter, sans force ni armure,
D’atteindre à s’en écarteler
L’inaccessible étoile
Edith : Oui, Jacques, se damner sans questions ni repos pour l’or d’un mot d’amour !
Je ne te quitte plus, Grand Jacques !
Jacques : Allez, viens la Môme, notre valse a mis l’temps. Nous terminerons la course, cloués à la Grande Ourse…