- Hé dites ? c’est vous ?
- Oui oui, c’est moi !
- C’est vous, enfin, Madeleine !
- Ah non, j’suis pas Madeleine ! Pourquoi que je serais Madeleine ?
- Cette question ! Parce que c’est Madeleine que j’attends, tiens donc.
- C’est bien ma veine, pour un fois qu’on m’appelle, moi, Edith…
- Oh pardon, y’a erreur sur la personne…
- Je lui ressemble à votre Madeleine ?
- Sais pas. Je l’ai à peine vue, c’était au fond d’un bar, faisait sombre. Sans doute qu’elle m’a pas bien vu non plus, sinon elle m’aurait pas filé un rancart. Déjà que même sans m’avoir vu, elle vient pas Madeleine, si en plus elle me voit, elle va repartir de suite…
- Tu l’a appelée ?
- Pour ça oui, c’est pas faute d’avoir crié son nom : Madelèèèèèène! Madelèèèèèèèène ! Tu vois, elle vient toujours pas.
- Tu devrais le chanter.
- Chanter, moi ? Tu me vois chanteur, Avec ces ratiches, je pourrais tout juste sortir un hennissement ou un braiement !
- C’est la classe les chevaux. Et les ânes, z’ont des yeux si doux. Allez, chante !
- Madelêêêêêêêne ! Madelêêêêêêêne ! Tu vois elle vient toujours pas ;
- Et le paquet de bonbons, c’est pour elle ?
- Ben oui, c’est bien plus bon que les fleurs !
- Tu sais pas y faire avec les femmes. Nous on veut rêver. Les bonbons ça fait pas rêver. La bouche, on la garde pour les baisers.
- Alors dis-le, j’ai l’air d’un con avec mes bonbons…
- Mais non, j’ai pas dit ça. Ils sont jolis, des jolis bonbons acidulés, tout transparents, des bleus, des jaunes, des roses. Oh c’est drôle, les roses, quand on regarde à travers, on voit…
- Normal, on voit en rose. Pourquoi t’as cet air émerveillé tout d’un coup ?
- La vie en rose !
- Tiens, chante-le donc toi aussi !
- Moi, chanter ? Drôle de chanteuse, une petite bonne femme maigrichonne, pas sexy pour deux sous ! Allez, je file, bonne chance pour Madeleine !