"Tournicotons dans la gadoue" - Edition spéciale -
- De notre correspondant local -
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Drame à Vergounieux-les-Piconelles
L'agitation est à son comble chez les Vergounieux, cette famille implantée chez nous depuis la nuit des temps, dernier fleuron de la dynastie qui donna son nom à notre sympathique et verdoyant village : Vergounieux-les-Piconelles (1).
Il y a trois jours, Anastasie Vergounieux constata la disparition de la dinde et du canard, que, comme chaque année elle engraissait pour le repas de Noël du Conseil municipal. Pourtant, et compte tenu de l'enjeu politique dudit repas, le garde champêtre Jules Dubarbon, et le capitaine des pompiers Albert Altofeu, furent chargés de la surveillance du poulailler de jour comme de nuit. Or, malgré l'oeil de lynx du premier, le cou de girafe du capitaine, qui le haussait à 1 m 98, offrant ainsi une surveillance digne de hauteur sur 360°, tel un mirador, les deux bestioles ont disparu.
Nous n'avons appris la nouvelle que ce matin, grâce à une confidence du Gendarme Desseintraupe, qui lance un appel à témoin. À défaut de farcir la dinde, il va se farcir l'enquête, et il espère que le portrait-robot publié dans notre canard, fera retrouver ce dernier.
Selon les dires d'un conseiller municipal de l'opposition, qui estime que le maire berne son monde et dépouille ses administrés, il ne faut pas s'étonner qu'à force de « plumer la dinde », celle-ci ait préféré s'enfuir.
Herbert Von Karavane, un Allemand qui a fait souche après la guerre et qui dirige la fanfare municipale, prétend qu'Emile Dusouffle, qui joue du cornet à pistons (non sans en avoir obtenu de la municipalité), n'arrête pas de faire des canards lors des répétitions, et que ceci explique peut-être cela.
Nous avons poursuivi nos investigations auprès de Jean Ricard, qui tient la buvette les soirs de match, lequel n'est pas tendre avec le gendarme Desseintraupe, estimant qu'il n'a jamais cassé trois pattes à un canard, que l'enquête sera un fiasco, et qu'en plus, sa femme et une dinde. Nous lui laissons la responsabilité de ses propos.
Au « café du chômeur », le patron, Paul Emploikennapu, nous a servi un café, et nous nous sommes fait un canard regardant fondre tristement le sucre, de plus en plus animé du sentiment que nous allions être le dindon de la farce. Nous avons donc, chers lecteurs et lectrices, médité sur cette phrase de Cavanna :
Le fermier qui aura réussi à croiser une dinde avec un kangourou aura créé la première volaille que l'on puisse farcir de l'extérieur.
Dans notre prochaine édition, la suite de l'enquête et, espérons le, son dénouement…
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(1) : Les lecteurs assidus de notre feuille de chou n'ont pas oublié l'extraordinaire aventure qui s'était déroulée en 2005, relatée dans notre rubrique « Obsolettres », tenue par un certain AlainX qui en publia la chronique en 13 épisodes, sous le titre : « l'exclu du village ».
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