La nuit allait tomber quand le perroquet se mit à s’agiter.
Fallait s’y attendre, et maintenant il ne restait plus qu’à prendre son mal en patience.
Dire que j’avais choisi de m’installer dans cette habitation pour sa tranquillité, face à la belle boutique de poteries, dans une petite rue loin de l’agitation touristique.
J’adorais mon appartement, je m’y sentais bien, c’était vraiment un havre de paix.
Un jour, mon voisin du dessus décida d’accueillir un perroquet.
Pour combattre sa solitude et sa déprime, m’expliqua la voisine du dessous, très au courant des faits et gestes de chacun.
A mon grand soulagement la bestiole était paisible, je n’entendais rien, et le voisin neurasthénique semblait retrouver un peu de joie de vivre.
Une cohabitation pacifique et bénéfique semblait se mettre en place.
Les choses se sont compliquées un soir, de façon complètement inattendue.
Jusque là flegmatique et quasiment muet, le comble pour un perroquet, le volatile a commencé à crier, et à quitter son perchoir pour sautiller comme un possédé partout dans l’appartement.
J’entendais le cliquetis incessant de ses petites pattes griffues résonner chez moi et les pas affolés de son maître qui tentait de l’attraper.
La sarabande infernale a duré toute la nuit, impossible de fermer l’œil.
Le lendemain, le pauvre voisin est venu s’excuser, très angoissé du comportement inhabituel de son compagnon.
Le même soir, l’oreille aux aguets, je n’ai rien entendu, pas un bruit, le perroquet semblait sous contrôle.
Les soirées douces et paisibles ont alors repris, dans le calme retrouvé.
Jusqu’à la fois suivante, où le manège s’est répété.
Par recoupements, j’ai fini par comprendre la raison de la folie soudaine de l’oiseau, qui a la bonne idée de débloquer tous les soirs de pleine lune.
Un peu abattu et découragé, le voisin m’a récemment confié que le zoo était intéressé pour prendre son phénomène en pension afin de l’étudier.
Pour le consoler je lui ai chaleureusement conseillé d’adopter un poisson rouge.
C’est bien un poisson rouge, c’est silencieux.