Le rat des villes et la rate des champs
La rate des champs : Ha ben dis donc, tu ne te refuses rien toi ? Vise moi la taille de ton trou !
- La classe hein ! Et tu as vu ce piano ! Bon c’est vrai écoute –si,la,sol,#,ré,fa… il a besoin d’être accordé un petit peu.
- Et tu vis seul ici ?
- ça dépend, quelques junkies occasionnellement passent… mais c’est rare et pas intéressant, ils n’amènent rien à grignoter. J’aime mieux un bon vieux clodo bien aviné, il dort en moins de deux et a toujours des réserves de nourriture !!!
- Pourquoi c’est abandonné ici ?
- J’ai entendu dire que le logement était insalubre et que tout allait être démoli, d’ailleurs ils ont bien commencé le travail !
- Et toi alors, dans ce trou à rat, tu manges quoi ??? Ce voyage m’a ouvert l’appétit.
- Ben heu c'est-à-dire que… t’as faim toi ??? On a pourtant bien mangé chez toi ! Quel régal ! Du blé concassé à perdre de vue. Quelles galipettes on a fait là dedans !!!
- Oui c’est vrai on s’est bien amusés ! J’imaginais la ville autrement… tu vois…
- Y’a mieux poulette ! Ici c’est ma résidence principale… mais je peux aussi aller dans la cave du grand restaurant à deux rues de là.
- Ouais… Tu ne m’as toujours pas dit ce qu’on allait manger…
- J’suis un peu à sec là… aucun squatteur n’est venu depuis un moment… les flics ont tout barricadé en bas… alors quand j’suis à sec, ben j’grignote les cordes du piano… c’est pour ça qu’il marche moins bien.
- Ah… les cordes du piano…
- Mais non t’inquiète princesse, viens, sortons c’est ton premier soir en ville !!! Je vais te montrer la tour Eiffel.
- Ok oui je veux bien, finalement il est un peu sinistre ton trou. Oh il fait froid dehors dis donc… et zut maintenant il pleut… ha c’est crade les trottoirs… heureusement encore qu’il y a de la lumière.
- Allez viens ! C’est rien ça… viens ! Tu vas t’habituer.
- Ça fait 2 heures qu’on court… ok la tour Eiffel est belle, même plus belle et plus grande que tout ce que j’avais imaginé… mais là je n’en peux plus.
- On rentre ma belle, je voulais juste te faire montrer Paris by night ! Viens, je crèche là quelques fois. Ça s’appelle le métro et il fait bon et puis c’est bien sec. On a bien mangé quand même ! Je t’ai fait goûter aux meilleures poubelles de Paris !!!
- Oui c’est vrai mais demain je vais rentrer. Je ne crois pouvoir m’habituer à cette vie de fou. Courir pour se nourrir… à la ferme j’ai tout ce qu’il faut. Il faut juste que je me méfie du chat. Et puis j’ai le soleil, le bon air, le chant des oiseaux, le calme, je ne manque pas de me faire écraser tous les deux pas.
- Je comprends… c’est dommage.
- Mais tu pourras venir me voir quand tu veux tu sais, faire un bon repas à la bonne franquette.