Mars.
- « Tu vois petit, derrière cette vieille branche morte, là-bas, au fond dans le vallon encore parsemé de larges traînées de neige, c'est là-bas que nous nous planquions pendant la guerre, pour échapper à l'ennemi....
Tu vois petit, tout là-bas au fond du vallon c'est là que je donnais rendez-vous à ta grand-mère quand je l'ai rencontrée... Son père ne voulait pas qu'elle me fréquente comme on disait à l'époque.
Tu vois petit, tout là-bas encore, au fond du vallon, c'est là-bas qu'on a retrouvé ton père après sa première dispute avec ta mère, il avait dix ans et il avait marché jusqu'au fond du vallon pour cacher son désespoir.
Tout là-bas au fond, dans le vallon, derrière la vieille branche morte, s'écrit depuis toujours l'histoire de notre famille.
Et toi tu veux partir loin de ces terres, loin de ce vallon et de son histoire...
C'est normal, tu es jeune, mais, petit, tu vois, là-bas, au fond de ce vallon, un jour tu te réfugieras. C'est ainsi. »
Février de l'année suivante.
- « Tu te souviens de ce qu'il disait le grand-père.... »
Et en réponse s'élève un chœur rieur:« Tu vois petit, derrière cette vieille branche morte, là-bas, au fond dans le vallon.... »
Et après un court silence on entendit:
« N'empêche pas qu'il avait raison, c'est toujours là-bas, au fond du vallon, qu'on se réfugiera... La preuve, on l'y a enterré. »