Forrest Wood avait fait fortune dans l’immobilier. Mais il n’avait pas toujours été milliardaire.
Chez les Wood, on était charpentier de père en fils.
Le petit Forrest n’échappa point à la tradition ancrée dans la famille comme les épinettes noires dans l’immense forêt canadienne.
Du bois, il n’en manquait pas !
Mais il n’y a pas que le bois dans la vie !
Quoique…Forrest ne l’oublierait jamais !
A Port-au-Persil, les distractions étaient rares entre la pêche à la truite et la chasse au renard…
Les 1O mois d’hiver si longs et les 2 mois d’été tellement courts…
Au village, on avait éteint les lumières, il n’y avait plus personne…
Dans sa maison du 3e Rang, Forrest Wood s’ennuyait ferme.
A force de voir flotter les troncs d’arbres sur le St Laurent, Forrest, à son tour prit le large et le ferry
.
Le hasard le débarqua à Rockport, au bord du lac Ontario.
A cette époque, à part le Magasin Général, il n’y avait rien.
Rien, sauf des îles.
Des îles à perte de vue sur le lac, plus de mille à ce qu’on disait, les « Mille-Iles »,
Les « Thousand Islands ».
Personne ne les avait comptées exactement, elles couvraient le lac jusqu’en Amérique et n’étaient accessibles que par bateau.
Et pas âme qui vive !
Forrest Wood ( se souvenant de l’importance du bois) se rendit chez le « Dépanneur », acheta bateau et outils et s’installa sur la première île venue. Il y construisit de ses mains une cabane en bois qu’il peignit ensuite de la couleur de la feuille d’érable à l’été indien.
Cela se sut…
Les gens affluèrent et les commandes aussi.
Une île, une maison.
C’est ainsi que Forrest lâcha son échelle en bois et gravit à une vitesse phénoménale les échelons de l’échelle sociale…
Il était riche, immensément…
Mais une chose essentielle manquait à son bonheur : l’Amour !
Il le chercha obstinément à New-York, à Las Vegas mais ne butina que des danseuses de revue.
Il s’en alla tenter sa chance à Montréal qu’il connaissait et s’installa dans un palace en plein quartier Chinois.
C’est ainsi qu’il rencontra Suzy.
Suzy Wang.