Il s'en est fallu de peu…

Je crois que je me suis trompé d'étage.
Remarquez, ce n'est pas la première fois.
Tiens, l'autre jour, ça devait être jeudi - non, mardi- enfin bref, en tout cas ce n'était pas aujourd'hui puisque c'était l'autre jour.

Donc, je grimpais de balcons en balcons comme à mon habitude, ce qui, soit dit en passant, n'est pas du goût de tout le monde. On me reproche de regarder par les fenêtres, façon voyeur. Franchement, ils n'ont qu'à tirer les rideaux. Et si vous croyez que c'est toujours ragoûtant ce que l'on aperçoit, vous vous trompez totalement.
C'est juste dans les films genre « Monsieur HIRE » que l'on voit des trucs sympas à travers les fenêtres.

Donc, disais-je, de balcons en balcons, et le problème c'est qu'ils sont tous identiques. À ce sujet, je trouve que les architectes n'ont pas grand-chose dans le citron. Comment voulez-vous que l'on repère le bon étage s'ils sont tous identiques. Bien sûr, il y a ceux qui rentrent par l'intérieur et montent par l'ascenseur. Ceux-là donc n'ont qu'à presser sur le bon bouton, le bon numéro de l'étage, et c'est peinard !.

Mais les autres, qui comme moi grimpent par les balcons ? Est-ce qu'ils y pensent au moins ? Non ! C'est toujours la même chose, on ne fait strictement rien pour les minorités. Tiens, par exemple c'est comme pour les handicapés, ils sont capables de foutre les ascenseurs a mi-étage avec des marches avant, et des marches après pour arriver à son palier. Débiles les architectes, vous dis-je !

Donc, je me répète, de balcons en balcons. Je croyais être arrivé à la hauteur du mien, puisque la fenêtre était entrebâillée. Je la laisse ainsi habituellement, parce que ces cons d'architectes ne mettent pas non plus de serrure aux fenêtres, ouvrables de l'extérieur. Si bien que tous ceux qui, comme moi, rentrent chez eux par les balcons, peuvent se faire cambrioler comme dans un moulin.

Je pousse l'ouvrant, je m'introduis, croyant être chez moi.
Que nenni ! J'étais dans la chambre de la vioque du 14e, alors que j'habite au 18e. Dans le noir, je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite. Toujours ces andouilles d'architectes qui ne mettent pas d'interrupteurs près des fenêtres.
Chez moi, je sais que je n'ai qu'à aller tout droit pour rejoindre la porte et appuyer sur le bouton de la lumière. Mais chez la vioque, il y a le lit en travers, sur lequel je me suis rétamé. Et voilà la mère Duglu qui se met à hurler au viol.
Sincèrement, si vous connaissiez la mère Duglu, pour la violer, avec ses 145 kg, il faut un piolet et une corde. Elle fait peut-être son poids, mais côté organe vocal, c'est quasiment mieux que Maria Callas. Elle s'est mise à hurler. C'est comme cela que, rameutés par les voisins, les flics ont fini par débarquer.

Donc voilà, M. l'officier de police, vous voyez que je n'avais aucune intention malhonnête. Je ne suis moi-même qu'une victime des vicissitudes de la modernité et des grands ensembles, contraint de rentrer chez moi par les balcons, parce que je suis quelque peu claustrophobe (l'ascenseur) et escaliophobe (depuis que ma mère m'a poussé dans les escaliers lorsque j'avais cinq ans).

Vous êtes libres. Je vous comprends parfaitement me répondit le policier, avant de sortir par la fenêtre…

Tout simplement excellent ça fait du bien de rencontrer quelqu'un qui vous comprend et qui vit les mêmes difficultés que vous??
Un texte qui en dit beaucoup avec toujours cette pointe d'humour acide, ravi de te relire ici Alainx

Forcément, une consigne pour toi
Excellent! Je trouve juste que la dernière phrase est en trop..... Peut être parce que j'aurais aimé imaginer moi même la tête du policier

de rire

Excellent!!!

J'ai déjà ri avec ce passage

alainx a écrit:

Et si vous croyez que c'est toujours ragoûtant ce que l'on aperçoit, vous vous trompez totalement.
C'est juste dans les films genre « Monsieur HIRE » que l'on voit des trucs sympas à travers les fenêtres.

C'est tellement vrai en plus

Et comme Cassy, je m'imagine aussi la tête du policier.

Ok ... par la fenêtre

Bienvenu dans un monde à part, avec des personnages à part
Mais, question angoissée, que prévois-tu pour les personnes claustros, escaliophobes et sujettes au vertige ?

MERCI à tous pour vos commentaires…
Cela commençait à me manquer de ne pas venir écrire quelques bêtises par ici…
Vous me direz, il ne tient qu'à moi !… Oui, et non, on est parfois pris par d'autres choses…

Admin a écrit:

Forcément, une consigne pour toi
Excellent! Je trouve juste que la dernière phrase est en trop..... Peut être parce que j'aurais aimé imaginer moi même la tête du policier

Vois-tu, Cassy, je m'étais justement interrogé de laisser ou non cette phrase…
Mais j'aime bien le côté : policier qui a le même problème… Et passe par les fenêtres…

Quel ravissement que de te lire Alainx, tu nous manquais !

Une pointe d'ironie, un petit coup d'épée acérée ( concernant les handicapés et les architectes !) avec raison et un humour décapant !

La description de la vioque ne manque pas de sel !

Alainx

Et dis donc t'as des amis architectes ?? ça sent presque le vécu cette histoire

Je me pose la même question que Brigou, car il me semble que tu as une dent contre les architectes
Je trouve que la dernière phrase a un petit côté surréaliste qui ma plaît bien.

Cette histoire est si convaincante que même le flic emprunte le même chemin ...

alainx prend de lourdes responsabilités : convaincu à mon tour, je sors par la fenètre ... Heureusement pour alainx et moi, je suis au rez-de chaussée !

BRIGOU a écrit:

Alainx

Et dis donc t'as des amis architectes ?? ça sent presque le vécu cette histoire

Non, non, pas particulièrement…
Cependant, à une certaine époque, dans le cadre de l'administration où j'étais, je me suis battu pour l'aménagement de locaux qui étaient en réflexion, pour qu'ils soient accessible aux handicapés.
Et je suis membre du site : http://www.jaccede.com/

Merci Alainx pour le lien... intéressant !

C'est vrai qu'en matière d'architecture, on oublie souvent les handicapés dans leur difficulté de tous les jours !!

moi j'aime bien la dernière phrase de ton texte. si le flic était betement sorti par la porte, ou pas sorti du tout, note... elle aurait été de trop, certainement.
mais là, ça m'a fait rebondir, et sourire.

un régal ton texte, alain.
le caustique, le décalé te va bien. tu devrais te faire plaisir plus souvent (vivi, TE faire plaisir, pasque nous, bon, c'est sur qu'on prend du plaisir à te lire, mais quand je découvre un texte comme celui-là, je suis certaine que tu te régales à le composer!)

Je me joins au concert de louanges!

Un texte excellent et une dernière phrase qui m'a fait sourire

Plumentête a écrit:

ça fait du bien de rencontrer quelqu'un qui vous comprend et qui vit les mêmes difficultés que vous??
Un texte qui en dit beaucoup

Je suis assez d'accord avec ce commentaire. Allegorique sans avoir peut-etre voulu l'etre. Les dedales du subconscient sont souvent revelateurs.

je sors par la trappe des combles... un helicoptetre m'attend sur les ardoises du toit

je t'ai pourtant écrit pour te dire que j'avais bcp apprécié ton texte mais j'ai l'impression que mon comm s'est envolé par la fenêtre. Donc je vais me répéter : j'adore quand tu délires ...