Kaléïdoplumes 2 : 2010 / 2013
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 Au jardinier des étoiles ...

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madeleinedeproust
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MessageSujet: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 0:18

Parfois il faut laisser agir le temps. Time is a great healer on dit ici. Le temps met du baume au cœur, … si on lui laisse le temps.

Soixante ans plus tard un pêcheur retrouve une gourmette dans les eaux de la Méditerranée, et quelques épaves plus loin, on sait sans aucun doute que l'aviateur a bien trouvé un cimetière marin. Encore quelques années et son 'assassin' (non, ce ne fut pas son assassin… un soldat faisant son devoir de soldat tirant sur un avion ennemi; Antoine l'aurait décrit ainsi dans Pilote de guerre), son quoi alors, son ami temporairement ennemi, avoue que c'est bien lui qui l'a descendu, donc que la théorie du suicide est réfutée à tout jamais.

Et on mesure toute l'ampleur de la connerie de la guerre quand on sait que Horst avait été inspiré à devenir aviateur pas les écrits de St Ex.

***

Quelles sont les chances qu'une gourmette réapparaissent soixante ans après la mort d'un homme de cette manière et que tout un mystère s'éclaircisse.

Quelles sont les chances qu'en ouvrant Lettre à un otage depuis ma retraite Londonienne, ce que St Ex appelle les évènements essentiels de la vie, la 'joie' d'être en amitié avec le monde entier, il l'a vécu sur les bords de la Saône, du coté de Tournus, dans un restaurant dont le balcon de planches surplombe la rivière.

Le but des sorties dominicales de ma famille pendant mon l'enfance était les bords de Saône, à peine 20 kms du coté de Tournus. J'en ai connu des sorties 'Grenouille' dans des restaurants dont le balcon de planches surplombe la rivières.

J'en ai l'odeur dans les narines de cette rivières aux grands muscles d'eau, qui transportaient des péniches lentes et mystérieuses qui nous venaient du Nord. Je revois cette même plaine: " Le soleil était bon. Son miel tiède baignait les peupliers de l'autre berge, et la plaine jusqu'à l'horizon. Nous étions de plus en plus gais, toujours sans connaître pourquoi. Le soleil rassurait de bien éclairer, le fleuve de couler, le repas d'être le repas", et un peu plus bas, Nous étions pleinement en paix, bien insérés à l'abri du désordre dans une civilisation définitive. Nous goûtions une sorte d'état parfait où, tous les souhaits étant exaucés, nous n'avions plus rien à nous confier. Nous nous sentions purs, droits, lumineux et indulgents."

Quelles sont les chances qu'une Kalédoplumienne travaille à Air France alors que disparaît dans l'océan un Airbus et ses passagers sur la plus vieille ligne d'aviation transatlantique du monde, celle dont St Ex et ses compagnons fut le pionnier.

Quelles sont les chances qu'en panne d'écriture comme on peut être en panne d'essence au dessus d'un désert, une autre Kaléidoplumienne soit présente avec moi un soir de réveillon et que lors d'une courte visite chez des voisins, une Argentinienne engage la conversation, que d'emblée je lui demande:

-Vous connaissez Mendoza?

-Oui, ma grand-mère y habitait. Je l'ai très bien connu.

Et elle me dit sa surprise que je connaisse ce lieu alors que ce n'est qu'une petite bourgade. Et que j'y vois un clin d'œil du destin incontournable à reprendre la plume à propos du Jean-Marie,(enterré là-bas dans une fausse commune), et de sa Victorine dont le frère a engendré ma famille.

Quelles étaient les chances que la fille d'Eiko soit, ici, justement à Londres juste après un séisme qui a exacerbé nos émotions bien autrement qu'une visite 'normale'.

Quelles étaient les chances qu'une petite paysanne en sabots crottés vous parle ainsi ce soir…. non, c'est l'aube maintenant.

***

Les dernières paroles de St Ex: j'étais fait pour être jardinier!

J'étais faite pour être paysanne. En est témoin une rédaction de quatrième ou de troisième que j'ai conservé ou je n'avais d'autre ambition qui était sincère et pour laquelle j'obtins la meilleure des notes.

'Un avenir que je te souhaite à l'image de tes projets', m'avait dit Prof.

Prof et son regard bleu délavé, qui avait été un des rares a avoir confiance en moi, à me valoriser pour l'écriture quand tant d'autres m'avaient dénigrée, ne voyant pas en moi la gosse de douze-treize ans dans ce corps d'apparence beaucoup plus mur, en contradiction avec les paroles et comportements de la gamine dégingandée et rigolarde.

Quelles sont les chances que je retrouve Prof. un an à peine avant qu'il meure, et alors qu'il n'avait pas encore son diagnostique de tumeur aux poumons. La veille de sa mort, j'avais été dans un état second, et que j'étais guidée par la lecture des Cerfs Volants de Kaboul que mon nouvel amant venait de me prêter, et que chaque ligne me parlait de l'écriture à écrire.

Cet amant qui fut l'objet de mon dernier marathon. De cette fenêtre par lequel je le voyais arriver et où l'aube vient d'apprivoiser tout le paysage qui n'est que l'esquisse d'une nature dont je suis en deuil. Je la sens plutôt que je ne la ressens.

Les bruits de circulations s'amplifient peu à peu. Quelque part un corbeau vient de croasser. L'arbre aux flocons blancs délimite la brise et la rumeur souterraine du métro me parvient par le plancher.

St Ex m'a redonné des ailes. Le grondement lointain d'un train que je vois se faufiler entre des rangées de maisons de l'autre coté de la rue, de l'autre coté du parc.

Autrefois on portait le deuil. On n'enlevait pas les brassards noirs ou les mantilles avant au moins un an. On laissait faire le temps. On reconnaissait ce temps d'apprivoisement d'un nouvel ordre à établir.

Ça fait plus de soixante ans que le monde portait le deuil de St Ex sans savoir ou était son linceul. Son corps est allé nourrir poissons, méduses et crustacées au fond d'une eau profonde qui est source de vie.
Il n'était pas fait pour être pilote de guerre.

Il a ouvert pour nous avec ses camarades toutes les routes du ciel qui rétrécissent le monde. L'Airbus n'était qu'un rappel à l'ordre de notre mortalité et de nos limites en technologie.

Je n'ai pas choisi de vivre au seuil de tant de morts. Je n'étais pas faite pour ça. J'étais faite pour être paysanne et cultiver ma terre et récolter mon grain et le donner aux autres. Je n'étais pas faite pour faire face au grain des tempêtes humaines qui éparpillent sur la surface de notre terre ces réfugiés en déroute, comme si on avait pris la planète, qu'on l'avait secoué comme on secoue une salière, et que d'un coup, tout se déversait et d'un coté et d'un autre, forçant des mélanges entres les hommes de tous les horizons.

J'étais faite pour planter des arbres selon Giono. Lentement, inexorablement, gland par gland, faîne par faîne, jusqu'au croissement de forêts qu'on aurait cru spontanées. Je n'étais pas faite pour revêtir ce persona d'exilée qui a des choses à dire sur la vie, sur la mort, sur le lourd devoir du devenir et qui se sent bien seule, bien trop souvent mais ne peux plus, ne veut plus revenir en arrière.

Quand on me laisse en com: 'c'est du grand sprite', j'ai envie de rentrer sous terre, cette terre que je ne possède plus, en même temps que mon égo se flatte. Je ne suis rien de plus qu'un fétu de paille, un épouvantail à moi- No qui s'épouvante plus qu'elle n'époux vante vu qu'il n'y a jamais eu quelqu'un qui l'accompagne et que ça laisse un vide de ce qui ne peut plus être.

Quelque chose m'a conduite à vivre au niveau International plutôt qu'Ain-terre-nationale et je n'y étais pas préparée.

J'étais faite pour être paysanne et humer à pleins poumons une terre âcre dans des brumes automnales. J'ai l'horizon si limité ici que je suis bien forcé de regarder en haut si je veux voir le ciel.

St Ex nous a ouvert des chemins dans les airs qui nous ont reliés d'un continent à l'autre. Il a labouré les nuages et semé des étoiles. Il a médité sur le sens des villages qui s'allumaient comme autant de lucioles pour guider ses déroutes. Parfois il ne savait plus si les étoiles étaient en haut ou bien dans ces lumières qui guirlandaient les ruelles d'en bas.

Entre ciel et terre, toujours. Toujours à l'orée d'au-delà pressentis. Un éclair auprès d'une cheville, un pacte entre l'enfant et le serpent, il est si facile de rejoindre son étoile.

Je vire à l'aube sous l'aile de mes mots. J'entre trop tard peut-être dans la profondeur des cimes ou je voudrais humer la pureté des neiges éternelles.

St Ex dont mon guide spirituel cite les paroles à ma première rencontre à Paris en 86: s'aimer ce n'est pas se regarder l'un l'autre mais ensemble et dans la même direction, et qui m'avait rendu moins méfiante d'oser faire confiance à une direction que ma boussole intérieure n'avait pas indiqué, et que de toute façon elle n'obéissait plus à rien. Tous les chemins étaient bouchés. Ni amant ni aimant pour m'indiquer un Nord.

Je n'avais plus que le choix du précipice, de la noyade, ou de me laisser emporter dans les airs sur des ailes de paix éphémères, envoutantes mais combien salvatrices. Il n'y avait ni père, ni mère, ni frère, ni sœur, ni compagnon de route avec des réponses ou un amour suffisant pour nourrir un espoir. Partout c'était la mort, un holocauste silencieux que personne n'avait prédit et que peu voulait voir.

L'aventure la plus folle de ma vie, la plus imprédictible, la plus loufoque, la plus incroyable (mais si vous croyez que l'Ain est croyable… c'est à y perdre son latin qu'on ne connaît d'ailleurs cette histoire familiale tournée au vinaigre), oui, c'est cette folie là qui a empêché que je perde la tête.

Alors je ramerai encore dans des cieux imprenables puisque usurpée de mes racines au tressaillements d'une terre ou tout est changement. Il n'est qu'une certitude: que les passagers des barques que sont nos corps doivent atteindre ce rivage bien au-delà des brumes, où tout sera clarté.


Dernière édition par sprite le Mer 30 Mar 2011 - 22:23, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 0:36

Je met ce texte parce que c'est un de mes avant dernier. Je le met surtout pour ses derniers paragraphes. C'etait le dernier, (d'ou je devais arreter mon Marathon,) et que l'effet Marathon commencait juste a se faire sentir. En fait, avant de commencer de l'ecrire, j'ai failli aller me coucher et en redemarrant ce texte je n'ai plus senti la fatigue.

Ayant aborde dans le marathon:
-le deuil, dont sur de mes arbres (ceux que je n'ai pas pu planter et ceux qu'on a coupe recemment)
-la difficulte de pardonner malgre des outils bien precis
-la frustration avec l'ecriture (dans le sens de ce que j'aurais aime avoir ecrit jusqu'ici m'en ayant donne le temps)
-des reflexions grace a la lecture de Pilote de Guerre de St Ex sur les positionements de l'histoire vis a vis DES holocaustes,
ce texte est je le sais deja, un texte clef de l'acception que les 'holocaustes' presents ne seront 'devides' qu'ulterieurement. Qu'a moins que chaque individu parvienne a vivre en continu avec une vue d'ensemble a integrer dans leur quotidien, il est impossible d'arreter certaines machines societales. L'humanite en marche ne peut qu'aller a la vitesse des prises de conscience qui s'allument de ci, de la.

Celui que je porte en moi est encore trop lourd meme pour moi et que ce n'est plus la-dessus que je dois ecrire mais sur ce qui m'a aide a tenir le coup. Mais reveler la folie qui m'a rendu lucide n'est point chose facile.
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madeleinedeproust
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madeleinedeproust



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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 8:15

"L'essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu'avec le coeur.
C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante."

ou encore "Apprivoiser... c'est une chose trop oubliée... Ça signifie 'créer des liens'"
St Ex... encore et toujours.
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Amanda
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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 10:51

" et parce que ta fleur elle est unique..."

Tes écrits nous dévoilent à chaque fois une autre face de toi, Sprite...

Sprite qui autait voulu être paysanne ( qui a dit " On aurait tous voulu être conducteur de train ou forgeron ?" ) et qui a bien fait d'écouter son Prof et de se mettre à l'écriture...

Je vais venir te relire encore et encore, c'est tellement dense....

Merci pour tout ce que tu nous donnes flower
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Charlotte
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Charlotte



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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeMer 30 Mar 2011 - 17:26

Ce témoignage est bouleversant ( je n'ai pas encore tout lu du marathon)C'est immense ce que tu écris et comment tu écris... et puis sans cesse ...ce retour à Saint Ex. celui grâce à qui tu as retrouvé tes ailes, l'usage de tes ailes , l'usage de ton don pour l'écriture.
Je suis impressionnée.
Texte à relire et relire. Oui c'est du grand Sprite
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Tortue l
Invité




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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeVen 1 Avr 2011 - 17:22

Punaise j'ai mis trois plombes à trouver l'endroit où répondre. j'aime pas trop les forums, je suis perdue !! C'est ousqu'on clique et tout le balaclan, etc.
See ???
je n'ai pas lu St Exupéry. Ben vouiii, faut dire que j'ai pas lu les beaux livres qu'on lit plus jeunes, et pluvieux aussi, j'avais pas les bons parapluies.
On me forçait à lire des trucs pas-de-mon-âge alors je boudais. Faut pas m'en vouloir, j'ai pas lu St Ex mais j'écoutais le Petit Prince que mon père adorait. Avec ses moutons.

Bon ça s'arrose, j'ai réussi à venir icitte et à poser une réponse dans la bonne case. Hips Un Sprite avec des glaçons, siouplé ( mais c'est koi ce pseudo ??) !!
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catsoniou
Kalé'reporter
catsoniou



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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeVen 1 Avr 2011 - 17:26

Sans sous estimer le métier de paysan - ce qui de ma part serait un comble- te limiter simplement aux joies de l'agriculture eut été dommage, d'autant que je pense que tu as par la suite trouvé ta voie , ce que laisse deviner la sérénité de ton écriture.
Chacun son destin : si St-Ex n'était pas devenu pilote , serait-il aujourd'hui autant vénéré, p't'être bien que oui , p't'être bien que non ...
sprite paysanne aurait certainement accompli de grandes choses , et son écriture , sa modestie dusse-t-elle en souffrir, fait le bonheur de ses lecteurs, en premier lieu , les kaléïdoplumiens.
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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeVen 1 Avr 2011 - 23:08

Merci tous et Cats, de modestie je n'en ai qu'une fausse. J'aurais du preciser que j'aurais sans doute qu'en meme aime ecrire, on peut tres bien travailler la terre et ecrire, mais si je suis plus riche de mes experiences, il y en a beaucoup dont je me serais volontiers passe.

Mon ecriture sereine? Ce doit etre une premiere. Je la croyais en general assez torture. Si elle se fait sereine, c'est que tout va mieux, et sans doute parce que je peux vous ecrire.

Tortue. Une fois que tu aura trouver le maniement de ce forum, tu verras qu'il est tres facile d'utilisation, beaucoup mieux que les blogs a mon avis, car les tirroirs sont plus accessibles.
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sol-eille
Maîtrise le sujet
sol-eille



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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitimeDim 3 Avr 2011 - 17:05

"...je suis responsable de ma rose..."
Oh St Ex tout un poème... comme Toi !

Il est si riche ton texte Sprite... salut bas
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MessageSujet: Re: Au jardinier des étoiles ...   Au jardinier des étoiles ... I_icon_minitime

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