Je suis là penchée sur le trou de la serrure et je regarde.
Je ne vois rien. Il fait sombre. Par contre j’entends parler. Des gens. Ils semblent s’inquiéter des avions qui tournent dans le ciel de cendre, plus noir qu’un jour d’orage. Le bruit des avions devient de plus en plus fort. J’entends des cris maintenant et je distingue de l’agitation.
Je les vois. Je suis là et je ne suis pas là à la fois. C’est très étrange. Des femmes, des enfants, des hommes courent en tous sens. Je ne peux m’empêcher de leur conseiller de se cacher. Une attaque va avoir lieu, cela semble inévitable. Je ne crois pas qu’ils m’entendent. Ils n’ont nulle part où se réfugier.
La place est grande, les plus proches de moi sont assis sur la marche devant la porte par laq
uelle je regarde par le trou de la serrure. J’ai peur et pourtant je sais que je ne crains rien. J’ai peur et je me sens lâche d’être protégée, de ne rien faire pour eux et voyeuse du triste spectacle qui s’offre à moi. Les avions descendent plus bas encore.
C’est l’assaut.
Je m’attends à des bombes et ce sont de milliers de petits engins destructeurs qui sautent sur le sol et qu’il faut éviter pour rester en vie. Vite ! Rangez-vous ! Attention ! Sauvez-vous ! Et toujours, les paroles de ces gens me parviennent par le trou de la serrure, ainsi que le bruit des avions qui remontent vers le ciel.
Il fait de nouveau noir maintenant. Je sursaute dans mon lit en proie à un malaise, ce n’était qu’un mauvais rêve. Et pourtant, je sais que la réalité a souvent dépassé la fiction malheureusement.