Ses yeux sont secs, les sanglots qui la secouaient quelques minutes auparavant ont cessé.
Elle saisit ses crayons, respire profondément, elle peut maintenant commencer.
L’endroit est calme, personne ne viendra la déranger.
La maison n’a pas bougé avec les années. Les mêmes murs en pierre, le laurier qui cache l’entrée, les fenêtres à petits carreaux.
Elle venait souvent l’y retrouver, son ami d’enfance, ils étaient inséparables.
Retour vers un passé vieux de quarante ans…
D’un trait sûr, elle révèle une forme sur le papier.
Gravées dans son esprit, les images ressurgissent, inoubliables, douloureusement vivantes.
Le dessin s’affine, les souvenirs affluent, et ses mains n’en finissent plus de tracer son visage.
Des yeux rieurs et magnétiques, une bouche pleine, elle le revoit encore ce soir de la Saint Jean quand il l’a regardée en riant avant de l’emmener danser.
Cheveux noirs, regard brun clair, peau dorée, les pastels lui redonnent vie peu à peu.
Elle l’a toujours aimé, même quand il a quitté le pays pour épouser une fille de la ville, même quand il est revenu bien des années plus tard, pour retrouver ses racines.
Son corps repose depuis hier au cimetière du village.