Parc au Rwanda

Il y a ce qu’elle voit, ce qu’elle sent, il y a aura ce qu’elle peint.
Entre les trois, y a pas photo.

Car comment peindre la paix sauvage de la savane, l’innocence d’un regard fauve, comment surtout, peindre la présence invisible d’une mère ?

Bien sûr, il y a le ciel, bleu gris de mis saison, entre sécheresse et pluies mais elle le peindra blanc serein sans nuage comme un coup d’éclat ascendant après un orage.

Il y a aussi le buisson, vert sombre mystérieux surplombant un tumulus de terre brune mais comment y suggérer l’œil vigilant de la nourricière qui s’y cache et surveille de près ses petits.

Il sont en effet, là, à l’avant plan, cinq lionceaux repus, en sieste qui la regardent sans méfiance, elle, l’intruse avec sa grosse voiture, son gros moteur à bruit et ses grosses jumelles et qui de la fenêtre fermée, tente d’ aspirer l’air de ce paradis retrouvé.

Ils sont déjà un peu grands, ces futurs rois de la jungle. Leurs crinières a encore de l’étoffe à prendre et leur gueule regorge encore de dents de lait mais le temps et leurs pattes avancent à grandes foulées. Bientôt arrive ce temps du sevrage et de l’autonomie.

Elle a donc décidé :

Il y aura de grandes flammes rouges pour le soleil qui n’est pas là , deux boules bleues de feu pour les yeux de la mère, du blanc pour la lumière du ciel, du vert nature pour l’abri de la fratrie et de l’or pour le silence des lionceaux posant bien sagement pour la photo .

Je ne sais pas peindre, c'est quelque chose qui j'aimerais apprendre, ou plutôt j'aimerais savoir faire de façon inné. En lisant ton texte, j'imagine que oui, c'est ainsi que l'on doit appréhender un tableau avant de commencer à le peindre. On doit sans doute rester de longues heures à observer, avant de se lancer.
Est-ce une photo que tu as prise toi?
Je l'ai repositionnée car elle n'apparaissait pas sous ton texte

Oui c'est moi ou mon mari qui a prise cette photo. Merci de l'avoir positionnée je n'arrivais pas à le faire.

Souvent dans un tableau l'on imagine plus que ce que l'on voit ... ça reste du ressenti.

Tu le décris très bien dans cette phrase :

"Il y aura de grandes flammes rouges pour le soleil qui n’est pas là , deux boules bleues de feu pour les yeux de la mère, du blanc pour la lumière du ciel, du vert nature pour l’abri de la fratrie et de l’or pour le silence des lionceaux posant bien sagement pour la photo ".

La liberté de peindre, du choix de l'artiste, apparait dans ton texte.
Sûr qu'il faut connaître un minimum de technique, mais les émotions, le ressenti, semblent plus importants pour aimer réaliser son oeuvre

j'aime la confrontation entre réel et rendu de l'artiste. j'aime surtout la dernière phrase, qui sonne magnifiquement bien.

Très belle image que bien peu de photographes amateurs ont un jour ou l'autre devant leur objectif et la revoir donne naissance à un très beau texte...

C'est très émouvant, le ressenti surtout en peinture...
Ton texte respire ton amour de l'Afrique , de ses paysages, des animaux.
Il est à ton image : liberté, savoir-faire et sensibilité

j'aime beaucoup la traduction de la photo en peinture... si j'avais dû faire de même j'aurais été bien ennuyée... ne sachant pas peindre non plus...

Bravo !

Très beau tableau exprimé par ton texte avec des mots de peinture.

C'est un bon choix d'écriture et tu as réussi à bien "[d]écrire" la photo...
En plus, cet animal est très beau, il mérite bien ton texte

J'aime beaucoup comment tu décris la liberté que peut prendre un peintre devant son sujet. Allier l'imaginaire au réel.
J'aime comment tu débutes et tu termines ton texte. La boucle est bouclée.

Charlotte a écrit:

Il y a ce qu’elle voit, ce qu’elle sent, il y a aura ce qu’elle peint.
Entre les trois, y a pas photo.

Il y aura de grandes flammes rouges pour le soleil qui n’est pas là , deux boules bleues de feu pour les yeux de la mère, du blanc pour la lumière du ciel, du vert nature pour l’abri de la fratrie et de l’or pour le silence des lionceaux posant bien sagement pour la photo .

Tout le travail de création à partir du réel est dans ton texte. J'admire !

Charlotte a écrit:

Car comment peindre la paix sauvage de la savane, l’innocence d’un regard fauve, comment surtout, peindre la présence invisible d’une mère ?

Bien sûr, il y a le ciel, bleu gris de mis saison, entre sécheresse et pluies mais elle le peindra blanc serein sans nuage comme un coup d’éclat ascendant après un orage.

Il y a aussi le buisson, vert sombre mystérieux surplombant un tumulus de terre brune mais comment y suggérer l’œil vigilant de la nourricière qui s’y cache et surveille de près ses petits.

Tu évoques dans ton texte un élément fascinant: l'acte créateur! Même s'il reproduit la photo, quelque chose de personnel passe du créateur à la création! C'est passionnant. J'ai remarqué la même chose en cuisine: une même recette, les mêmes ingrédients et pourtant, le résultat n'a ni le même aspect, ni la même texture, ni le même goût. C'est un mystère passionnant!