Ultime montée

Une dernière fois il se retourna pour voir l'extérieur, les maigres touffes de verdure, celles qui restaient encore ; la lumière qui avait de nouveau déclinée, semblait-il ; et surtout les dernières senteurs de la nature, de la vie ; de tout ce qui avait existé.

Il reprit l'ascension, décidé à ne plus regarder en arrière. C'était trop tard à présent. Il grimpa lentement les marches de pierre, comme s'il était devenu vieillard tout à coup. Oui, c'est cela, chaque marche franchi le vieillissait. Il sentait bien son corps se courber. À mesure qu'il progressait, sa main s'agrippait de plus en plus à la rampe métallique.

Arriverait-il jusqu'au sommet ? Rien n'était moins sûr ! Et d'ailleurs y avait-il un sommet, quelque chose sur quoi déboucher ? L'escalier était en colimaçon, et on ne voyait plus que de la pierre, et de la pierre encore. Regardez devant ou se retourner, c'était pareil.
Redescendre était impossible. Il le savait. Il l'avait toujours su.

Gardocor lui avait dit, il y a de cela bien longtemps : c'est ainsi, on prend congé de soi-même avant les autres, pour atténuer le coup fatal. Il n'avait pas vraiment compris. Et puis, Gardocor avait disparu. Comme les autres. Comme tous les autres.

Il monta encore quelques marches. Puis quelques-unes de plus. Puis d'autres. Et il eut le sentiment d'apercevoir comme l'ombre d'une lumière. Il rassembla ses dernières forces, se prit à espérer. - Et si c'était vrai ? S'il y avait vraiment un passage ? Un salut en quelque sorte !

Il n'avait plus trouvé d'eau buvable. Tout était pollué. Dès lors, la soif étreignait sa gorge. Mais là, en un instant, elle disparut. Il eut même l'impression de se mettre à sourire. Il trouva même la force de franchir deux marches à la fois.

C'est à ce moment précis que se déclencha l'éboulement.

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Un texte énigmatique

Qui est cet homme qui monte sans fin?
Qui est gardocor? (un garde du corps?)

Ton texte me fait penser à une quête. mais qelle quête?

Enigmatique pour moi aussi, mais j'aime bien !

Ton texte permet plein d'interprétations, c'est peut-être le but ?

Pour ma part, je visualise un univers apocalyptique, avec un monde qui décline et un survivant qui cherche le passage dont quelques uns seulement connaissent l'existence et qu'il faut franchir au péril de sa vie.
C'est ça ou mourir de toute façon...
Enfin, voilà, je me suis fait mon film !

J'aime quand on peut imaginer l'avant, et l'après d'un texte.
Et là, tu me combles, même si j'aimerais bien savoir à quoi tu pensais quand tu a écirs ce texte

encore une façon bien différente d'interpréter la consigne, on sent l'angoisse étreindre le personnage, son renoncement aussi puis un espoir soudain avant la chute brutale. Tout un univers dans lequel tu nous invites en quelques lignes

oui,le texte est énigmatique... et c'est ce que j'apprécie ...
Le titre donne une indication importante:"ultime montée"
Pour moi, c'est une métaphore vers un (LE) passage (décidément, ce terme est important pour toi!)
Le passage vers un autre état, ignoré encore, ce pourrait être la mort, mais aussi une importante évolution personnelle, comme celle que pourrait vivre une personnedans une sitiuation un peu extraordinaire
Bon je dis mes impressions, mais ce ne sont que les miennes
Mais un texte qui interpelle, qui déroute...oui j'aime..

Enigmatique, certes, ce texte l'est...
Pour ma part, je le prends au sens littéral: si au hasard de mes errements, si je rencontre un escalier grimpant vers l'infini, je prends les jambes à mon cou pour fuir dans le sens opposé: la témérité n'est plus de mon âge !

MERCI À CHACUNE, CHACUN.

C'est en effet un texte énigmatique, qui semble avoir été extrait d'une histoire comportant un avant et un après, comme le dit justement Cassy.

C'est cette démarche qui m'a intéressé. Tout en tentant d'en faire une petite histoire en tant que telle.
Ainsi, chacun peut y projeter ce qu'il désire. Les interprétations multiples peuvent se faire. Et vous en exprimez quelques-unes dans les commentaires. Ça me plaît bien !

Pour répondre à la question de Cassy : à quoi je pensais quand j'ai écrit ce texte.

L'escalier m'a tout de suite évoqué la solitude et l'angoisse d'un enfermement. Mais la solitude dominait. Et plus particulièrement cette rêverie d'enfant (assez commune d'ailleurs), dans laquelle j'aimais me laisser couler, et qui était : et si je me retrouvais seul au monde ?
Ce fut donc un peu le « fond de tableau » de mon écriture que, comme d'habitude, j'ai laissé venir comme elle se présentait…
Sauf que, pour une fois (ça va plaire à Coumarine ! Qui me reproche toujours de ne pas assez travailler mes textes !…), J'ai quand même un peu travaillé mon texte avant de le publier…

J'imagine bien que tu l'as travaillé ce texte !
J'arrive en fin de comm' et je suis partagée...
Je le reçois comme assez "noir". Ce personnage vieillissant sait et dit qu'il n'y a pas moyen de faire marche arrière et dans un dernier sursaut continue sa progression vers une hypothétique lumière.
Quand il pense l'avoir trouvée, se produit l'éboulement.
Cela veut-il dire que ce n'est pas le peine ????

Pour la forme, c'est super bien amené !

Tu as raison, Amanda. C'est un texte noir !
Je termine d'une manière un peu abrupte.
… Mais si j'avais développé je ne vois pas très bien sur quoi de positif ça pouvait déboucher… Sauf à faire une pirouette !!
car rien de pire que de se retrouver définitivement coupée de tout !
et de ne plus avoir aucune relation.

( Si je reste dans l'hypothèse de je ne sais trop quelle catastrophe qui a fait tout disparaitre… Sauf mon survivant…)

J'ai le vertige facile et en te lisant je l'ai et je redoute la fin de l'ascension...Mais ce n'est pas celle que je craignais c'est l'éboulement. Je préfère finalement un éboulement du à une cause extérieure à moi, à une chute dont je serais responsable.

En effet, ton texte permet à chacun d'entre nous de se projeter dans cet instant d'histoire et d'imaginer son avant et qui sait(?) son après.... J'aime beaucoup...