Dites-moi je vous en prie, que faut-il que je fasse ? Monter ou descendre ? Descendre ou monter?
Les marches se déroulent vers le bas, vers le noir où s’engloutit la vie. Ou alors elles grimpent vers le haut, vers une improbable lumière. Avec une même ardeur, une égale conviction.
S’il faut que je descende, je vais c’est sûr, me retrouver plongée dans le trou ! Le trou de mémoire, le trou de MA mémoire, le trou des histoires d’un passé cimenté, qui continuent cependant à gratter dans le coin de ma tête un peu folle, comme un eczéma dont on ne peut soulager l’irréductible démangeaison.
Mais là… là tout en haut de cet escalier fantôme, dites-moi je vous en prie ce qui se trame. Car mes yeux malades frémissent soudain, balayés par un frisson de lune. Les marches hautes m’obligent à enjamber tous mes espaces, même ceux auxquels je ne croyais guère. Il faut la foi pour monter cet escalier. Je veux dire : il faut drôlement serrer les dents. Ne pas craindre de perdre un moment sa respiration tranquille. Sans rien savoir en définitive. A l’aveugle ! La foi je vous dis ! Mais quelle foi ? Je désespère. Je monte, je descends, je remonte sans trêve, il me faut décider…
J’opte
Je monte, on verra bien !