Cher Monsieur,
J’ai bien reçu votre dernière lettre qui m’a mise en grand émoi.
Je suis inquiète … très inquiète.
Pour parler cru, je n’ai pas digéré votre post scriptum . « C’est ainsi , on prend congé de soi même avant les autres, pour atténuer le coup fatal »
Mais que signifient tous ces mots alignés in fine ?
Cela ne vous ressemble ni dans le fond et ni dans la forme .
Est ce bien vous ,l’auteur de cette phrase sibylline ? Je suis dubitative.
Je crains, espère de tous mes vœux , avoir mal compris ces expressions telles que « prendre congé « et « coup fatal » à mon avis, collées et copiées de je ne sais où et d’ailleurs ne veux pas le savoir .
Rassurez moi … J’ai tenté maintes fois de vous appeler mais votre téléphone ne semble plus faire partie des abonnés présents .Est-il en dérangement, ou êtes vous parti quelque part ?
Je ne me résous pas à croire que vous ayez pris congé de la Belgique sans moi. Nous sommes devenus si proches, vous et moi, que j’ai cru voir poindre à l’horizon une possibilité d’espérance.. . à deux.
La dernière fois que nous nous sommes embrassés, vous me parliez d’un petit château en Espagne sur lequel vous aviez quelques vues bien précises pour un proche avenir…j’ai cru comprendre « avec moi ».
Mais peut-être suis-je une trop grande romantique dont les pieds sur terre s’envolent vers des rêves trop beaux pour être vrais.
Mais revenons à vous.
Je vous le redis, je suis inquiète et quand je suis inquiète mon imagination me joue des tours qui décollent de toute réalité.
Ainsi je vous imagine trébuchant, dans les escaliers menant à votre cave à vin , inanimé sur le sol froid avec une bouteille cassée gisant à vos côtés.
C’est vrai que l’œnologie est votre passion ou votre grand péché( Dieu seul le sait) mignon.
Quant à la modération, elle n’est pas, comme il se doit dans votre famille, ( dont le devise est « Modus in rebus, je vous le rappelle) votre qualité préférée !!!
Ceci est et reste entre nous bien entendu, car moi aussi, j’avoue mon certain goût pour la picole en cas de déprime .
Mais revenons à vous.
Où êtes- vous ?
J’attends votre réponse immédiatement.
Bien à vous.
Moi
PS : Il y en a qui pense que s’il faut mourir un jour, autant mourir tout de suite, comme çà c’est fait et on n’en parle plus.
Quant à moi, j’ai toujours préféré remettre la mort au plus tard et plus loin possible…
Cela n’a rien à voir avec notre sujet mais comme c’est ce que je pense là subitement, je le dis tout de suite, comme çà c’est fait et on n’en parle plus.