Quel grabuge !

Kalé'reporter

- Non ! Joséphine, vous ne pouvez pas allez au salon. Tout est sens dessus dessous. On va nous porter le petit déjeuner dans nos chambres et il paraît qu'à midi, on va manger avec les gosses à la cantine.

- Ah non ! Pas encore des sardines... Qui c'est qui est passé dessous ? Il y a pas de gosse ici ! Ma pauvre Antoinette, vous débloquez complètement !

- Complètement à la masse cette pauvre vieille. Et dire qu'elle n'a que 87 ans, qu'est-ce que ça sera quand elle en aura 89 comme moi...

- Je ne vous entend plus ! Allez, venez, c'est le jour des madeleines... C'est si bon dans le café.

- Tu m'en fais une jolie madeleine ! Je vais quand même la suivre. Il faudrait pas qu'elle se coupe avec tous ces bris de verre. Bon, je vous accompagne.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce b... pardon cette pagaille ? C'est bien la peine qu'on paye aussi cher de pension dans cette p... de maison de retraite : ils ne sont même pas foutus d'empêcher les vaches d'entrer au salon, que je vois une bouse là au milieu !

- C'est le tapis de la belote qui est tout en tas. La voiture du jardinier, vous savez bien, l'Arthur. On se demande qui a pu la faire sauter. La Directrice va en profiter pour ne plus lui filer de boulot, soit disant pour nous protéger.

- Ça alors, l'Arthur, il sautait la Directrice ? Ah, je comprends : le mari leur est tombé dessus au mauvais moment et il y a eu du grabuge. Moi, avec mon homme, des fois, on se disputait et il y avait des assiettes qui passaient par la fenêtre, mais on n'avait pas les moyens de tout casser. Ah, ma pauvre Antoinette, il y a plus de respect de nos jours !

- Avec son air de ne rien comprendre, elle n'est peut-être pas si loin de la vérité, la Joséphine. Parce qu'à 4 heures, ce matin, je ne dormais pas et j'aurais bien entendu les sirènes des flics et des pompiers. Mine de rien, je vais interroger Josette : les cuisinières, ça sait toujours tout.

- Qu'est-ce que vous marmonnez ? La Josette, elle était dans le coup ? Mais c'était un vrai ménage à trois... Hé bé ! Il y a pas besoin d'aller au théâtre. C'est pas moi qui m'en plaindrais...

- C'est pas moi qui paierai les dégâts : voiture qui saute, c'est pas ma faute. Le jardinier et la Directrice ont fauté, qu'ils payent pour leur déloyauté.

- N'empêche que ça va alimenter les conversations pour un bout de temps. Tiens, on va proposer des rimes : c'est pas moi, c'est ma sœur qu'a cassé la machine à vapeur.

- C'est pas moi, c'est la Directrice qu'a joué les séductrices...

- Un vrai niais, ce jardinier !

- C'est la Joséphine qu'a pas l'oreille fine.

- Pour tailler une bavette, il n'y a pas mieux que l' Antoinette...