Je me nomme Pétronille.
Pourquoi mes parents ont-ils choisi ce curieux prénom ? Je ne le saurai jamais, ils ont quitté ce monde depuis longtemps déjà.
J’ai toujours vécu dans cet endroit, pays de bord de mer et de forêt. Impossible d’en partir, j’ai bien essayé pourtant.
Il est tellement plus rassurant d’évoluer dans le même environnement.
Célibataire, ( les mauvaises langues du coin rajoutent « vieille fille » en ricanant), je vis seule dans la maison familiale.
La nuit j’entends le bruit de l’océan qui vit et gronde à quelques centaines de mètres. Il fait partie du décor, son chuchotement me berce les soirs d’été, ses tempêtes me tiennent éveillée les rudes nuits d’hiver.
Je n’aime pas l’été, cette frénésie qui s’empare des lieux, ces vacanciers qui déambulent, à l’aise et heureux, en maillot de bain.
Je ne déambule jamais en maillot, d’ailleurs je n’ai jamais porté de maillot. Je ne me suis jamais baignée sur cette plage qui attire tant les foules.
Pudeur excessive ou timidité maladive, le résultat est là : je suis blanche comme une endive. Les gens du crû me surnomment « l’anglaise ».
Je m’en moque.
Moi, ce que j’aime, c’est parcourir la plage quand elle redevient déserte, fouler le sable dur qui craque sous mes pieds. Quand la nature reprend ses droits, quand je suis seule face à l’immensité.
Je vis un peu hors du monde, je l’avoue, et je trouve mon bonheur hors saison.
Serais-je hors norme ?
Aujourd’hui c’est mon anniversaire. Installée sur la dune, j’ai longtemps médité sur le temps qui passe en écoutant le claquement des vagues.
Je n’ai pas envie de rentrer, mais simplement rester, encore et encore.
Une heure de plus ou de moins, quelle importance ?
Personne ne m’attend.