l'Objet
Il lui glissa l'objet dans la main, avec un sourire qu'elle ne vit pas.
Elle le saisit à pleines mains, l'entourant de ses doigts fins, avant de le parcourir sur toute sa longueur, délicatement, du haut jusqu'en bas, puis de revenir vers le haut tout en le tenant à la base fermement de son autre main.
L'objet était lisse, avec toutefois quelques renflements, mais sans aspérités. Il avait la chaleur du bois. D'ailleurs, cela devait être du bois. Un bois dur, sans doute un de ces bois exotiques que l'on avait poli avec amour. Elle imaginait le travail de l'artisan. C'était à coup sûr un objet unique.
Le renflement du haut était singulier. Elle le prit dans la paume de sa main et lui imprima un mouvement tournant, presque sensuel. Elle ne se lassait pas de ce mouvement. Puis, du bout des doigts, elle s'attarda dans le sillon qui se dessinait nettement.
Elle approcha sa bouche pour goûter la saveur du bois. Pointant tout d'abord timidement la langue, puis se montrant plus hardie, elle lapa littéralement, comme on le ferait d'un sucre d'orge. Le goût était étrange. Elle avait cru que l'objet fut enduit de vernis. Il n'en était rien. C'était le bois brut, dressé dans sa nudité.
L'objet exhalait une odeur singulière. Ni celle d'un vernis, évidemment, ni celle d'une cire qui aurait enrichi l'engin. On ne semblait pas non plus l'avoir trempé dans un quelconque parfum dont il aurait gardé les effluves. La senteur était pénétrante et subtile comme celle d'un sous-bois et de ses mystères. L'objet invitait à l'aventure.
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