VénusVénus est bien décidée d'arriver à ses fins. Les hommes ce n'est pas compliqué. Il suffit de les brosser dans le sens du poil et de poser ses mains aux bons endroits. Il y en a toujours qui traînent dans les bars de nuit. Faut juste trouver la bonne copine qui vous accompagne : Vénus veut bien prendre des risques, mais point trop quand même. La copine ce sera Orianne et comme d'habitude Vénus lui choisira un mec qui lui permettra de satisfaire son besoin périodique d'une aventure sans lendemain. Un grand brun athlétique, plein de promesses musculaires, et de prouesses à l'horizontale ou autrement. C'est Vénus qui prendra les devants, prenant des allures de godiche et de fille sans intérêt dans ce premier contact. Suffira alors de pousser Orianne sur le devant de la scène, afin que le type plonge les yeux dans sur ses seins tout ronds. Elle n'aura plus qu'à lui souffler à l'oreille : — bonne soirée ma chérie, tu me raconteras…
Vénus, elle préfère les timides, les introvertis, bien plus malléables ces hommes qui n'ont guère confiance dans leur capacité de séduction, qui espèrent quand même, quoique persuadés qu'une fois de plus ils feront choux blancs.
*
Norbert est comptable dans une petite entreprise de diffusion de produits d'hygiène pour personnes âgées. Un employé modèle dit son patron. Jamais une seule erreur de saisie sur l'ordinateur. Jamais un mauvais comptage des stocks. Le commissaire aux comptes le félicite chaque année. Et puis tellement dévoué. Il est vrai que vivant seul à 40 ans on peut tout lui demander, comme par exemple de rester tardivement le soir pour le même salaire. Et d'ailleurs il estime qu'il gagne bien sa vie, d'autant qu'il dépense peu. Il doit être prévoyant pour ses vieux jours. Surtout quand on voit le prix de tous ces produits pour vieux. Faut économiser pour plus tard.
Ce soir-là, pour la première fois de sa vie il entre dans un bar. Presque une vague envie de s'encanailler. Mais raisonnablement. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Vénus. Une femme qui pour la première fois semble s'intéresser à lui, vraiment. Il lui offre un verre, puis deux, puis trois même, enfin il n'en est plus très sûr. D'habitude Norbert ne boit que de l'eau, et un seul verre de vin le dimanche, alors ce qui se passa ce soit-là, il ne s'en souvient plus vraiment. Sauf ce lancinant mal de tête. À présent Il est seul chez lui, comme d'habitude. Il a dû rêver. Mais un rêve ne laisse pas un papier dans une poche avec un numéro de téléphone à rappeler.
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En quelques semaines, Norbert a beaucoup changé. Son patron ne le reconnaît pas. Plus question de rester tard le soir. Certes, la comptabilité est toujours impeccablement tenue, mais Norbert chantonne en pianotant sur l'ordinateur. C'est pas normal. — "Il est amoureux", déclare sentencieusement l'assistante du patron. Elle ne croit pas si bien dire. Norbert est aux anges. Vénus habite son coeur. Elle est si gentille, si attentionnée, et l'écoute tellement, comme personne jusque-là. Oh ! Ils n'ont encore échangé que quelques baisers chastes. C'est normal. Ils ne sont même pas vraiment fiancés. D'ailleurs Norbert va lui offrir un vrai diamant. Un solitaire de plusieurs carats, un peu comme une bague de fiançailles. Il imagine déjà ce premier baiser sur les lèvres quand elle verra le cadeau.
Et puis Vénus se confie à lui. Il en ressent une fierté d'homme. Une femme le considère comme aucune auparavant. Pas même sa défunte mère. Elle a de graves problèmes Vénus. Des problèmes financiers surtout. Est-ce que Norbert ne pourrait pas l'aider un tout petit peu ? Elle lui en serait tellement reconnaissante. Norbert a regardé ses comptes. C'est faisable. Et il a confiance en elle. Ne sont-ils pas devenus intimes. Enfin presque. Enfin, ça ne saurait tarder. Alors un bon geste. Il doit le faire. Par amour. Lui donner des gages de son attachement et de son désir de vivre avec elle.
— De combien aurais-tu besoin, chère Vénus ?
— Je n'ose pas te dire mon Norbert bien-aimé, dit-elle en posant sa main sur sa cuisse et en la caressant doucement. Tant de dettes se sont accumulées… Depuis si longtemps…. Bientôt les huissiers me prendront tout.
— Je ne t'abandonnerai pas. Tu sais j'ai un peu d'économies. Dis-moi ce qu'il te faut.
— Tu es sûr ? Tu ne vas pas regretter ? Tu es si gentil et si bon, je ne voudrais pas t'attirer des ennuis. Est-ce que tu ne risques pas d'avoir bientôt besoin de cet argent ? Tu sais je ne pourrais pas rembourser tout de suite. Et sa main se fait plus pressante sur la cuisse, remontant même vers le pli de l'aine.
— Oui, je sais. Mais… Comment dire… Je… Il faut que je te le dise… Je… Je t'aime tellement… Je ferai tout pour toi !
— Oh mon Norbert ! Mon amour ! Sa main s'aventure sur le bas-ventre. Elle se penche vers lui, lui tend les lèvres. Norbert n'ose pas encore s'approcher. De son autre main Vénus lui saisit la nuque, effleure maintenant ses lèvres, la langue est prête à s'infiltrer, alors dans un grand soupir rauque, presque une extase, elle murmure tendrement à son oreille, dans un souffle amoureux :
— 25 000 €…
Et elle l'embrasse à pleine bouche.
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Cela fait maintenant plus de six mois que Norbert est sans nouvelle de Vénus. Pourtant, lorsqu'il lui a remis la somme, elle l'a de nouveau embrassé presque goulûment :
— à demain mon amour adoré !
Elle ne répond plus au téléphone. Il n'est jamais allé chez elle. L'adresse qu'elle lui avait donnée n'existe pas. Une erreur de transcription certainement Souvent il retourne dans le bar. Il l'espère. Elle va revenir. C'est pas possible autrement. Il l'aime tant. Elle aussi, certainement.
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Sujet: Vénus 
Mer 2 Mai 2012 - 20:08
Enfin des… 
