Cinq minutes avant de lire ton texte, je lisais l'article ci-dessous. C'est l'expression "prêter main forte" dans ton texte - que j'ai bien aimé - qui a fait écho. Or cet article soulève un point intéressant : l'absence de méthode d'action partagée au niveau international.
Ceci n'a pas de rapport direct à ton texte, mais j'avais envie de partager cet article, en écho.
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"L'urgence et la reconstruction
Les images d'Haïti conduisent à d'importants gestes de solidarité mais incitent-elles à une réflexion sur les responsabilités politiques de l'aide ? La mobilisation humanitaire fait, à chaque événement, l'objet de critiques récurrentes : emballement, court-termisme, saturation des messages, confusion de l'aide, voire néoimpérialisme plus ou moins masqué (surtout quand les Etats-Unis débarquent en force)…
Mais cette critique de l'humanitaire ne suffit pas si l'on se rappelle que les catastrophes naturelles seront désormais probablement plus fréquentes en raison de la croissance démographique, de l'urbanisation immaîtrisée et des contrecoups des atteintes à l'environnement. Avec le changement climatique, on sait que les zones les plus exposées au réchauffement (zones équatoriale et sub-saharienne) comptent déjà parmi les moins dotées de la planète en moyens instutionnels et infrastructurels permettant de faire face aux effets multiples de l'élévation moyenne de la température (accès à l'eau, ressources alimentaires, risques sanitaires…).
Or, au-delà de l'émotion, une méthode d'action partagée fait défaut au niveau international. La susceptibilité et l'égoïsme, le maintien des souverainetés et des zones d'influence l'emportent largement sur les essais de coopération. Les opérations de "reconstruction des Etats" (nation building) sont loin d'avoir fait leur preuve en Afghanistan et en Irak et restent entachées par l'esprit missionnaire guerrier du président Bush.
Qui peut se présenter comme un acteur légitime de l'aide, de la solidarité et de la reconstruction quand l'Etat est presque inexistant et qu'aucune méthode n'a fait ses preuves pour remettre un pays sur pieds ? Il reste à imaginer des modes de coopération internationale, entre Etats, institutions multilatérales, acteurs non-étatiques, ONG et populations locales en l'absence de certitudes définitives sur les "bonnes pratiques".
En l'occurrence, il s'agit tout d'abord de constituer un acteur étatique viable, ne serait-ce que pour assurer le fonctionnement minimal de l'aide. Mais on ne construit pas des institutions politiques comme un hôpital de campagne.
Marc Olivier Padis,
Directeur éditorial de Terra Nova
Rédacteur en chef de la revue Esprit"