Rêve
Depuis trente ans, je porte en moi un rêve. Il est puissant et profond.
Quand la graine est tombée dans la terre, je ne savais pas qu’elle deviendrait un olivier au tronc tortueux, résistant et dense.
Je ne savais pas que celui-ci mettrait des années à pousser et à se développer avant de donner son fruit.
A l’époque, j’avais dix-huit ans. Mon cœur aimait passionnément, mais mon ami se mourait, lentement. Jour après jour, sa santé déclinait. Ma petite main dans la sienne sentait sa vie s’éteindre peu à peu.
Dans la nuit de ma douleur, j’ai entendu une musique qui a touché mon cœur. Une mélodie écrite pour chant, violon et piano, créée pour la première fois une année après la mort de mon ami. Je n’avais que dix-neuf ans, je n’avais pas la technique pour la chanter, je n’avais pas les musiciens, je n’avais pas d’opportunités, mais je savais qu’un jour je la chanterai à mon tour, pour lui.
Voilà trente ans que j’ai nourri ce rêve. En juin dernier, lors d’un concert en hommage à Trainpère, il s’est réalisé, grâce au soutien de Trainmusical, au talent de deux amies musiciennes et à la générosité d’un ingénieur du son.
Mélodie pour un Ami écrit par Trainpère se trouve sur le CD dont a parlé Cassy.
Ecoeurement
La votation pour ou contre la construction de minarets en Suisse a créé beaucoup de remue-ménage en Suisse et ailleurs. J’ai été particulièrement agacée par la confusion de part et d’autre qui a régné pendant toute la durée de la campagne. A l’écoute de ces manipulations politiques, spirituelles, affectives, une vive colère s’est emparée de moi.
Ma exaspération m’a amenée dans ma propre confusion et, contre mes valeurs de tolérance, j’ai amputé certains cohabitants d’une part de leur liberté d’expression en votant pour l’interdiction des minarets ! Il m’en reste un goût amer dans la bouche.
Ce qui me chiffonne au-delà de toute polémique autour de ce sujet, c’est d’avoir donné raison, par ma votation, à notre parti d’extrême droite qui, adroitement et sans relâche, sème peur et confusion au sein de notre peuple, sous couvert de protéger la Suisse.
Je me suis souvent demandée comment Hitler avait pu en arriver à commettre ces horreurs contre les Juifs sans que la population se soit révoltée. Je réalise avec écoeurement que la manipulation des masses est très perverse et qu’il est extrêmement complexe d’intervenir de façon efficace avant qu’il ne soit trop tard.