- Henriiiiiiiiiiiieeeettte ! Henriiiiiiiiiiiiieettte ! Viens ici, immédiatement ! Ramène tes plumes et sans caqueter s'il te plaît ! Allez, vole s'il le faut pour aller plus vite ! Active tes cuisses nom d'un coq en pâte ! Henriiiiiiiiiiiiieeeeeeeeettte !
- J'arrive, pfffh, j'arrive ! Arrête de couiner comme ça, on dirait un chat en mal de crème fouettée ! Alors qu'est-ce qui t'arrive, Poussinnettte !
- Henrieeeeeeeeeeeette ! Mon œuf.... mon œuf il a …...
- Non, ça y est ! T'as pondu un œuf ?! Enfin ! Nom d'une poule empaillée ça fait deux ans que tout le poulailler attend ça ! Tu vois qu'elle avait raison l'humaine de la grande maison ! Tu avais besoin d'intimité pour pondre !
- Henrieeeeeeeeeeeette ! Mon œuf.... mon œuf il a …...
- Bon tu me le montres cet œuf ? Et puis arrête de piailler comme ça, même le chien il en peut plus. Regarde-le: il s'est planqué sous le noisetier, pattes sur les oreilles et il attend que la sirène se taise.
- Henrieeeeeeeeeeeette ! Mon œuf.... mon œuf il a …... disparu !
- Hein ?! Quoi ?
- Ben, regarde, il était là, tout beau, tout coloré avec de beaux reflets brillants, là, juste là, dans le petit panier en osier avec un joli nœud rose....
-Mais y'a rien dans ce panier, rien de rien.
- Henriiiiiiiiiiiiiiieeeeeeeeeeeettte, on m'a volé mon œuf, mon bébé, mon tout petit, celui que j'ai mis deux ans à extraire de mon divin postérieur ! Tous ces efforts pour faire passer un si gros truc par un si petit espace... j'ai lutté, j'y suis arrivé, sans ressentir la moindre souffrance, grâce à la force inestimable de la pensée positive galinacienne, sans même m'en rendre compte. Il était là, ce matin, si beau, si brillant, il sentait bon le sable chaud mon oeuf-gionnaire....
- Allons, calme-toi, on va le retrouver ton œuf Poussinnette ! C'est sans doute le chien qui te l'a piqué, ce vieux fou poilu à quatre pattes ! Doggy, viens ici, allez, amène ta truffe fouineuse ici si tu ne veux pas que je te pique les oreilles à coups de bec ! Doggy, aux pattes, et fissa !
- Voilà, voilà, j'arrive... mais faut qu'elle arrête de caqueter dans les aigus comme ça la poule neurasthénique ! Quand je pense que les humains de la grande maison refusent de la manger... grasse comme elle est, c'est tout ce qu'elle mériterait !
- Ze suis pas une poule neurasthénique ! Henriieeeeeeeeeeeeeeettte ! (Longs sanglots entrecoupés de lourds battements d'ailes)
- Calme-toi Poussinnette, calme-toi ! Et toi la bête poilue arrête de la chercher, tu sais bien ce qui se passe après....
- Ouaf ! Oui, je sais.... (soupir abattu du chien qui se couche, museau entre les pattes de devant, mine résignée). Bon, qu'est-ce qui se passe ?
- Un œuf a disparu. C'est toi ?
- Non. Je ne me suis pas approché du poulailler de la matinée. Y'avait des humains miniatures qui couraient partout dans le jardin. Je me suis planqué sous le noisetier et j'ai laissé passer l'orage.
- Henriiiiiiiiiiiiiiiiiiettttte ! Mon œuf, mon bel œuf, où est-il ? Qu'on m'amène tous les animaux de la maison et qu'on les passe à la torture, qu'on les plume, qu'on les grille, qu'ils me rendent mon œuf avec son joli lapin en nœud papillon dessus !
- Avec son joli lapin ?!
- Henrieeeeeeeeeeeeeeettte ! Regarde, regarde ! L'humaine, la petite, elle …. elle est en train de manger mon œuf................ Henrieeeeeeeeeeeeetttte, je vais mourir ! Poussez-vous, laissez-moi mettre fin à cette vie de misère, laissez-moi me jeter du haut du perchoir de ponte.....
Petite voix humaine au fond du jardin :
- Maman ! Sont trop bons les œufs de Pâques cette année.... Pourquoi elles crient comme ça les poules ?