Je pense...

Il reflète la perplexité. Vu de profil, on ne peut saisir son regard, sa main droite semble prolonger la sévérité de son visage. Sa nudité révèle comme une crispation entière de son corps tout orienté vers la tentative de résolution d'un profond dilemme. Seule, sa main gauche suppose un relâchement mais ce n'est qu'illusion : cet homme est abimé dans ses pensées.

Oui, abimé dans ses pensées, c'est cela qu'a voulu symboliser Auguste Rodin, le sculpteur. Rendant hommage à Dante et sa divine comédie, cette sculpture, l'artiste a du en étudier le moindre détail. De l'attitude concentrée, à la musculature soigneusement modelée, mise en valeur par la nudité, Le Penseur de Rodin personnifie la pensée.

700 000 visiteurs du musée peuvent admirer l’œuvre immortelle, rendue universelle. Plus de vingt musées répartis dans le monde offrent aux regards admiratifs des sculptures identiques.

Parmi les innombrables visiteurs de par le monde, au delà de l'admiration qu'on peut porter au Penseur, combien franchissent le pas du simple regard admiratif ? Comme Dante, dans la Divine Comédie rencontrant Virgile, imaginent-ils l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis ?

Imaginer Le Penseur faisant sienne cette idée de Saint-François d'Assise :

Je pensais regarder le monde et c'est le monde qui me regarde...

Tous, ne devons-nous pas à notre tour nous abimer dans nos pensées, sortir du rôle de simple spectateur au motif que tout est fatalité, notre éphémère passage sur Terre ne nous permettant pas d'influer sur les éléments vus dans leur intégralité.

Ainsi, la passivité contemporaine conduit à la dégradation des valeurs et notre planète est menacée dans sa survie. Voulons-nous, avons-nous le droit de laisser à nos enfants l'Enfer comme seule alternative ? Ou serait-ce que nous en sommes réduits à penser que nous sommes au stade du Purgatoire à cause des errements de ceux qui nous ont précédé? Quant au Paradis, n'est-ce qu'une vue de l'Esprit, un mirage pour un hypothétique au-delà conçu pour faire de la résignation la pièce maitresse de la domination ?

Poussière ! Seulement une poussière sur notre planète qui n'est elle-même qu'un élément parmi des milliers d'autres au sein de l'Univers, je n'en suis pas moins moi...

M'accusera-t-on de plagiat et d'immodestie si je partage cette citation :

Je pense, donc je suis

.

C'est vraiment chouette Cats. Tu as plongé dans la consigne et je t'y suis avec beaucoup de plaisir, car je lis des réflexions faites sur l'instant, et ce que je lis me plait.

Citation :

Parmi les innombrables visiteurs de par le monde, au delà de l'admiration qu'on peut porter au Penseur, combien franchissent le pas du simple regard admiratif ? Comme Dante, dans la Divine Comédie rencontrant Virgile, imaginent-ils l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis ?

Texte très intéressant

Tu t'es abîmé avec délectation et pour notre plus grand plaisir dans l'imaginaire de Rodin et de sa statue.
Je me suis toujours demandé si l'artiste, lui, n'était pas sorti trop abîmé de cette oeuvre totalement maîtrisée qui a dû lui coûter des heures et des jours d'efforts...

Ton texte m'a ouvert des perspectives, car j'avoue que le Penseur n'est pas mon oeuvre préférée et que tout en admirant la technique de l'auteur et la puissance de la représentation, je n'ai pas autant réfléchi que toi sur sa signification et son symbolisme.

Merci
Mais "je pense" que vous êtes trop bons à l'égard de ma modeste personne

Comme Nerwen, je te remercie car tu me permets de réfléchir "autrement" sur cette oeuvre, en particulier parce que j'ignorais la référence à Dante.
Et cette phrase me touche particulièrement :
"Poussière ! Seulement une poussière sur notre planète qui n'est elle-même qu'un élément parmi des milliers d'autres au sein de l'Univers, je n'en suis pas moins moi... "

Merci

J'aime bien le texte de Catsoniou parce qu'il est écrit de façon habile comme très souvent d'ailleurs. Et il nous emmène juste où il veut que l'on aille, c'est-à-dire à s'interroger vraiment sur ce que nous sommes et ce que nous devrions être.

"Le penseur" c'est toi...pour notre plus grand bonheur ...