Pour ce Noël elle rêve de retrouvailles, improbables, impossibles. D’un miracle, tout simplement.
Ce soir, à minuit passé, allongée au coin du feu, elle contemple la dernière bûche en train de se consumer dans l’âtre. Et elle imagine….
Son souhait le plus cher doit se réaliser le soir du 24 décembre, quand la famille est réunie, et que le sapin brille de mille éclats, son étoile scintillante au sommet.
Tous sont présents, prêts à fêter le réveillon en cette douce nuit.
Quelqu’un toque à la porte d’entrée, elle court ouvrir, et le frimas glacial de l’hiver s’engouffre aussitôt dans la pièce.
Stupéfaction, ils sont là, tous les trois, les absents depuis si longtemps. Ses deux grands pères, partis depuis de nombreuses années, et sa grand-mère, décédée cet été.
Ils entrent, souriants, heureux, identiques au souvenir qu’elle a gardé d’eux.
Les autres adultes de la maison s’approchent, muets et incrédules, presque effrayés.
Ils n’osent pas s’avancer, les toucher, de peur qu’ils disparaissent tel un mirage.
Les invités inattendus s’expriment enfin, avec la même voix, les mêmes intonations qu’autrefois.
Leurs mots sont apaisants et pleins de rires. Ils parlent d’existences heureuses, et souvent bien occupées par l’observation de nos vies compliquées et insatisfaites.
Ils rappellent des souvenirs, des anecdotes, évoquent d’autres membres de la famille.
Devant tant d’émotions, les langues se délient, des larmes de bonheur roulent sur les joues des vivants.
Quand la nuit s’avance, et qu’il est temps pour les visiteurs de repartir, ils expliquent qu’il ne faut pas être triste, parce qu’au bout du chemin, chacun se retrouve.
Alors ils disparaissent comme une brume lumineuse, laissant derrière eux un sillage mélodieux, une cantate de joie et de réconfort.